L'affaire Djillali Arar, ancien wali de la wilaya de Bejaia puis d'El Tarf, connaît un nouveau rebondissement. Les quatre magistrats de la cour suprême, en charge de ce dossier, ont procédé en mars dernier à la confrontation des accusés et des accusateurs, ce qui a permis la révélation de nouveaux faits. Partant, l'instruction du dossier est de nouveau relancée. Certains avaient perdu tout espoir de voir la justice punir ceux qui se sont servis, sans vergogne, dans l'argent public, devant l'enlisement de l'affaire, mais c'était compter sans la détermination des pouvoirs publics qui ont déjà engagé la campagne anticorruption. C'est, en effet, une affaire relève de la corruption et trafic d'influence. A l'origine, les accusés sont poursuivis pour dilapidation de deniers publics, passation de marchés contraires à la règlementation et abus de biens sociaux. L'ancien wali d'El Taref, le directeur du logement et des équipements publics, celui de l'éducation ainsi que des fonctionnaires, des élus locaux et des chefs d'entreprises privées de cette wilaya de l'est du pays sont impliqués. L'affaire a été mise au jour par le vice-président de l'APW. Ce dernier, un ancien colonel de l'ANP à la retraite, a dénoncé ce qui se tramait en appuyant ses écrits adressés aux plus hautes autorités de l'Etat par des documents attestant du sérieux de sa démarche. L'accusateur a pris soins de bien ficeler ce dossier en présentant entre autres preuves matérielles, dix bons de trésor d'une valeur de 1 million DA qui auraient été remis par deux entrepreneurs intéressés par une autorisation d'exploitation de la sablière de Berrihane (Tarf). Il en est de même pour de vraies factures pour des travaux fictifs de construction d'établissements scolaires, logements et autres équipements publics dans la wilaya avaient été également versés au dossier. Conséquemment, une enquête a été ouverte. Elle a été confiée à la police, la gendarmerie nationale et la DRS. L'enquête confirmera rapidement les faits, impliquant un total de 16 personnes dont l'ancien wali, le directeur de l'éducation et le DLEP, 3 fonctionnaires et 2 entrepreneurs. Huit personnes, dont le wali, avaient été placées sous mandat de dépôt avant d'être mises en liberté provisoire, neuf mois plus tard. Les huit autres ont fait l'objet d'une mise sous contrôle judiciaire. Pour certains, l'ex-wali n'est pas seul responsable car la majorité des élus de l'époque l'avaient soutenu en dépit de ses agissements qui étaient de notoriété publique, allant jusqu'à l'appeler «l'homme qui a apporté l'indépendance à la région». Des indiscrétions proches du milieu judiciaire à Annaba ont affirmé que le dossier devrait être transmis au tribunal correctionnel de Guelma avant la fin de l'année 2010 pour préparer le procès des accusés.