ALGER - Le gouvernement syrien a accéléré les démarches visant à mettre fin au mouvement de contestation qui secoue le pays depuis la mi-mars en ouvrant dimanche une réunion sur le "dialogue national", convoqué fin juin par le président Bachar al-Assad, en vue de favoriser la transition vers la démocratie. Cette réunion préparatoire à une "réunion nationale globale" doit durer deux jours en présence du vice-président Farouk al-Chareh, et d'environ 200 personnes : des membres du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, des indépendants et des représentants de la société civile (acteurs, écrivains et intellectuels). L'opposition syrienne a, quant à elle, boycotté cette réunion exigeant avant tout contact notamment "le retrait des forces syriennes des villes et la libération des prisonniers politiques et des manifestants pacifiques", selon des médias. A l'ouverture de la rencontre, M. Chareh a expliqué que cette réunion "vise à préparer une réunion nationale globale pendant laquelle (serait annoncée) la transition de la Syrie vers un Etat multipartite, démocratique, où tous seront égaux et participeront à l'édification de l'avenir du pays" soulignant que "sans un système politique multipartite démocratique, la Syrie ne parviendra pas à la liberté et à la paix civile". Au cours de cette rencontre, les participants doivent débattre d'amendements constitutionnels, en particulier une éventuelle suppression de la clause qui fait du parti Baas "le dirigeant de l'Etat et de la société", a-t-on indiqué. Confronté à une contestation sans précédent, le président al-Assad avait appelé, dans un discours à la nation le 20 juin dernier, à un "dialogue national" qui pourrait aboutir à une nouvelle Constitution. A propos des manifestations anti-gouvernementales, qui secouent plusieurs villes syriennes depuis le 15 mars, M. Chareh a jugé que "des manifestations sans autorisation préalable entraîne une violence injustifiée" et appelé, par ailleurs, à "reconnaître que sans les sacrifices consentis par le peuple syrien qui a versé son sang dans plus d'un gouvernorat, cette réunion n'aurait pas pu avoir lieu". Dans le même temps, le vice-président syrien a annoncé la suppression d'ici à une semaine des "obstacles au retour de tout citoyen en Syrie, ou à un voyage à l'étranger". Au moment où les discussions sur "le dialogue national" se poursuivaient en Syrie pour sortir ce pays de la crise qu'il traverse depuis des mois, Damas a annoncé avoir convoqué les ambassadeurs américain Robert Ford et français Eric Chevallier, en raison de leur visite "sans autorisation" dans la ville de Hama (nord), selon l'agence de presse syrienne Sana. Accusant "l'extérieur" d'ingérence, le gouvernement syrien a convoqué "les ambassadeurs américain et français" pour leur faire part de "sa vive condamnation de leur visite à Hama sans autorisation préalable", selon Sana qui cite le ministère syrien des Affaires étrangères "Leur visite prouve qu'il existe un soutien et un encouragement de l'extérieur pour déstabiliser le pays, au moment où un dialogue national, qui a pour objectif de bâtir l'avenir de la Syrie, vient d'être ouvert", a ajouté la même source évoquant "une ingérence flagrante dans les affaires intérieures syriennes". Dans cette même ville de Hama, le président al-Assad a nommé dimanche un nouveau gouverneur Anas Naëm, en remplacement d'Ahmad Khaled Abdel-Aziz, limogé le 2 juillet au lendemain d'une manifestation anti-gouvernementale qui avait réuni plus de 500.000 personnes, selon Sana.