L'association des femmes chefs d'entreprise (SEVE) a estimé mardi à Alger que la création d'entreprises chez les femmes et les jeunes en Algérie connaissait un retard "considérable" en raison notamment d'une "mauvaise gestion des dossiers". Animant une table ronde, au forum du quotidien DK News sur "l'entreprenariat féminin", Mme Nacéra Haddad vice-présidente de la SEVE a considéré que les causes du retard dans la création de nouvelles PME étaient diverses en raison principalement d'un "mauvais mode de gouvernance dans le traitement des dossiers des jeunes et des femmes entrepreneurs", a-t-elle dit. Cette "mauvaise gouvernance" se traduit par des insuffisances dans l'accompagnement de nouveaux projets d'entreprises, explique-t-elle. Mme Haddad a également observé que l'absence d'une passerelle entre l'université et le monde de l'entreprise constituait "un frein à la réalisation de plus d'entreprises dans le pays", en constatant que "l'université était totalement déconnectée du monde de l'entreprise". Le retard dans le développement des entreprises reviendrait, selon la vice-présidente de SEVE, "à la mise en retrait des collectivités locales, qui n'arrivent pas à exploiter les potentialités humaines dans les différentes régions du pays", et surtout "à l'absence de la commune dans le développement de l'activité économique". Mme Haddad a aussi insisté sur la création d'un marché local capable d'accueillir tous ces nouveaux projets d'entreprises et s'éloigner progressivement d'une trop grande dépendance des importations. "Au lieu d'importer toutes les pièces détachées par exemple, faisons en sorte d'en produire les plus simples d'entre elles dans une première étape", a-t-elle suggéré. M. Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif pour la promotion des PME, a estimé quant à lui que "l'entreprenariat en général était un métier à risques, et que particulièrement en Algérie, les conditions dans lesquelles évolue le jeune entrepreneur ne favorisaient pas son épanouissement". M. Bensaci a par ailleurs relevé un manque de diversité dans le montage des projets et a fait observer, à titre d'exemple, que les jeunes entrepreneurs porteurs de nouveaux projets d'entreprise s'orientaient plus vers le domaine du transport. Estimant que les banques publiques et privées avaient apporté une "contribution considérable" dans le lancement des projets d'entreprises, ce cadre a déploré le fait que la plupart des porteurs de projets portent leur choix sur la création de très petites entreprises (TPE), des entités "incapables, selon lui, d'absorber un taux élevé du chômage". M. Bensaci s'est dit enfin confiant sur l'évolution du secteur de la PME grâce aux différents dispositifs d'aide à l'investissement mis en place par les pouvoirs publics.