La plate-forme technique pour la réforme de la Caisse de compensation des produits de base au Maroc a été élaborée et fera l'objet d'un débat avec tous les acteurs sociaux en vue d'une décision politique, a-t-on indiqué de source gouvernementale. Cette réforme qui pèse lourdement sur le budget de l'Etat et dont les fonds se sont élevés à 55 milliards dirhams (un euro = 11,19 DH environ) en 2012 se fera graduellement et de manière complémentaire, précise-t-on de même source. Selon le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Najib Boulif en charge du dossier de réforme, cette dernière n'affectera pas les programmes sociaux en cours, affirmant que "ce chantier vise à maintenir un coût déterminé des produits de base, à préserver le pouvoir d'achat des couches sociales les plus vulnérables et la compétitivité des entreprises nationales". De son côté, le ministre de l'Economie et des finances, Nizar Baraka a, après avoir qualifié la situation actuelle de la Caisse de compensation de "menace pour l'indépendance économique du Maroc" a souligné que ce processus de réforme est dicté par l'augmentation des subventions à hauteur de 6,6% du PIB en 2012 et la hausse continue des prix des carburants, de la farine et du sucre. Pour sa part, le ministre d'Etat, Abdellah Baha, a fait savoir lors d'une journée d'étude, organisée mardi soir à la Chambre des représentants (chambre basse), sous le thème "Le régime de compensation et l'inéluctabilité de la réforme" que la réforme sera axée sur la réduction progressive du soutien des produits de base, la mise en place d'un programme en faveur des familles nécessiteuses ainsi que sur la mise en place des mesures d'accompagnement des secteurs susceptibles d'être affectés par la hausse des prix. La loi de Finances 2013 prévoit que les dépenses du système de compensation continueront de plomber le budget de l'Etat, pour la période 2013-2016 si aucune mesure n'est prise. La charge prévisionnelle de compensation pourrait atteindre plus de 200 milliards de dirhams durant les trois prochaines années contre près de 123 milliards pendant la période 2009-2011. Le gouvernement marocain envisage de stabiliser en 2013 le niveau des dépenses publiques consacrées aux subventions pour les denrées de base. Ainsi, le budget consacré aux subventions va s'établir en 2013 à 45,9 milliards de dirhams contre 46,5 milliards en 2012. Selon diverses sources, la charge prévisionnelle de compensation au titre de l'année 2013 fluctuerait entre 45,9 et 49,3 milliards de dirhams, mais la facture pourrait augmenter selon les prix des produits subventionnés. La loi de finances prévoit deux scénarios pour résister à la volatilité des prix. Le premier repose sur un cours du pétrole brut à 105 dollars le baril, celui du gaz butane à 840 dollars/la tonne et un coût du sucre brut et du blé tendre situé respectivement autour de 500 et 300 dollars la tonne. Quant au deuxième, il prévoit une hausse conséquente du cours du brut qui pourrait atteindre 110 dollars/baril et une augmentation de la valeur du gaz butane pour atteindre 880 dollars. Des économistes ont, cependant, estimé que dans les deux cas, le budget global de la compensation atteindra les 50 milliards de dirhams. Mohamed Najib Boulif, chargé du dossier de réforme a relevé récemment que le gel des prix de plusieurs produits a coûté au budget de l'Etat plus de 150 milliards de dirhams au cours des cinq dernières années soit une moyenne de 30 milliards de dirhams par an en soulignant que ce système entraînait de lourdes conséquences sur le budget de l'Etat. La loi de finances 2013 prévoit de ramener le déficit budgétaire à 4,8 % du PIB et d'atteindre un taux de croissance de 4,5 % sur la base d'une récolte agricole moyenne. Le ministre de l'Economie Nizzar Baraka a estimé que cet objectif serait atteint notamment par l'optimisation des dépenses à travers le plafonnement des charges de la compensation à un niveau soutenable, la suppression des dépenses improductives et la réduction du train de vie de l'Etat.