Le Parlement européen a critiqué jeudi le "recours excessif à la force" par la police en Turquie, alors que le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a lancé un "dernier avertissement" aux manifestants pour qu'ils évacuent immédiatement le parc Gezi d'Istanbul. Les députés européens ont exprimé dans une résolution leur "profonde inquiétude" face à la "violence excessive" et à "l'intervention brutale de la police" contre des manifestations "pacifiques et légitimes". Le Parlement "met en garde" le gouvernement d'Ankara contre l'adoption de "mesures sévères à l'encontre des manifestants pacifiques" et "exhorte le Premier ministre à adopter une position d'unité et de conciliation afin d'éviter toute aggravation de la situation". Il "déplore" les "réactions dures du gouvernement turc et du premier ministre Erdogan, dont le refus de prendre des initiatives en faveur de la réconciliation, de présenter des excuses ou de comprendre les réactions d'un segment de la population turque n'ont fait que contribuer à polariser davantage la société turque". Ces critiques ont eu lieu alors que M. Erdogan a lancé jeudi un "dernier avertissement" aux manifestants pour qu'ils évacuent immédiatement le parc Gezi d'Istanbul, bastion de la contestation antigouvernementale qui agite la Turquie depuis deux semaines. Auparavant, le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, avait indiqué que "l'occupation du parc Gezi ne peut pas durer. Depuis le 1er juin, certains groupes occupent un espace public et en empêchent l'accès à d'autres (...) tout ceci doit s'arrêter avant que cela ne cause encore plus de tension". Un tribunal administratif d'Istanbul a ordonné le 31 mai la suspension des travaux à des fins conservatoires dans l'attente d'un jugement sur le fond concernant la légalité du projet d'aménagement voulu par le gouvernement. Répondant aux manifestants qui affirment qu'un référendum ne serait pas légal, M. Erdogan a affirmé qu'"une municipalité peut consulter ses habitants au niveau du district de Beyoglu (où est situé le parc, ndlr) ou sur l'ensemble d'Istanbul (...) il n'y a pas d'empêchement légal". La police est intervenue le 31 mai pour évacuer les occupants du parc Gezi, voué à la destruction dans le cadre d'un projet d'aménagement de la place Taksim, provoquant un large mouvement de contestation contre le gouvernement qui agite depuis près de deux semaines toute la Turquie.