La production nationale du miel devrait chuter de 40% cette année par rapport à la saison précédente en raison des conditions climatiques défavorables qui ont affecté la floraison dans plusieurs régions du pays, a indiqué mercredi à Alger le Président de la Fédération algérienne des associations d'apiculteurs (FAAA), M. Mohammed Lakhal. "La saison qui n'est pas encore achevée s'annonce mauvaise et on s'attend à une baisse de 40% de la production nationale du miel", a indiqué M. Lakhal à la presse lors de l'ouverture de la 6ème édition du salon régional du miel qui se tient du 26 juin au 7 juillet à la Rue Hassiba Ben Bouali à Alger. En 2011 la production de miel a atteint 5.200 tonnes contre 4.800 tonnes en 2010. Les conditions climatiques marquées par de fortes pluies au printemps ont pénalisé les apiculteurs qui ont récolté "très peu de miel d'oranger" dans la Mitidja, plus grand verger agrumicole du pays. Au nord, la production du miel d'oranger, récoltée entre avril et juin, a chuté de 80% cette année par rapport à 2012, selon M. Lakhal. Les professionnels misent sur l'eucalyptus dont la floraison s'étale de juin à août pour récolter des quantités appréciables, mais à cause du vent la moisson risque d'être compromise, selon Naïma Slimi représentante de l'association de l'élevage apicole de la wilaya de Tipasa. Même le jujubier, dont le miel est très demandé, n'a pas été généreux cette année parce que la floraison a pâti de la baisse de la température minimale et de la clémence de la maximale au Sud et dans les Hauts plateaux, explique cette jeune apicultrice qui évoque aussi la prolifération des vols de ruches durant les périodes de transhumance. "Seuls les grands apiculteurs qui ont de gros moyens pourront s'en sortir", estime, pour sa part Mustapha Ziadi apiculteur de Douaouda (Tipasa) qui est rentré avant hier de la wilaya de M'Sila où il a fait transhumé ses ruches. Ce jeune de 29 ans appréhende une éventuelle spéculation et l'intrusion de "certains opportunistes" qui profiteront de la baisse de la production nationale, pour introduire des produits contrefaits. "Ce déficit va ouvrir la porte aux spéculateurs", a averti Mustapha, devenu apiculteur depuis 2008 grâce à une formation dans le domaine et une aide de l'Etat. Les prix du miel flambent Le président de la FAAA a révélé, dans ce sens, que la fédération avait adressé une correspondance aux services des Douanes algériennes pour les informer de la baisse de la production nationale et réclamer un contrôle stricte des importations du miel. "Nous avons informé le ministère des Finances et les Douanes des prévisions de production pour cette année afin qu'ils prennent des dispositions face à une éventuelle augmentation des importations du miel contrefait", a-t-il dit. La chute de la production a poussé les prix vers le haut notamment pour le miel de fleurs d'oranger qui est passé de 1.600 DA/kilogramme l'année précédente à 2.400 voire 2.600 DA actuellement. Celui du jujubier a grimpé de 2.600 DA/kg jusqu'à 3.600 DA. Le prix du miel d'eucalyptus est passé de 2.400 à 3.000 DA/kg, a-t-on constaté au niveau de cette manifestation commerciale à laquelle participent une vingtaine d'apiculteurs, soit un peu moins que l'édition précédente. Certains apiculteurs n'ont pas pu être présents du fait leur déplacement à l'intérieur du pays pour effectuer leurs transhumances. Outre une dizaine de types de miels exposés à la vente, les exposants venus d'une dizaine de wilayas du pays font la promotion des autres produits de la ruche comme le pollen, la gelée royale (sur commande) et d'autres crèmes dermatologiques. Les organisateurs réservent aux visiteurs des dégustations, des informations sur les vertus des produits exposés, de la vulgarisation et des prix promotionnels, selon M. Lakhal. La filière apicole compte quelque 200.000 apiculteurs regroupés dans une trentaine d'association.