Les chefs d'Etat des pays des Grands Lacs se réunissent jeudi dans la capitale ougandaise Kampala pour un sommet extraordinaire consacré à la situation instable dans l'est la République démocratique du Congo (RDC). Le président de la RDC, Joseph Kabila, sera présent au sommet des chefs d'Etat, de même que ses homologues rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni, hôte du sommet. Le président sud-soudanais Salva Kiir prendra part au sommet, alors que les autres chefs d'Etat sont représentés. L'envoyée spéciale de l'ONU dans les Grands-Lacs, Mary Robinson, et la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini-Zuma, doivent également y participer pour tenter de donner une nouvelle impulsion aux efforts de paix, jusqu'ici infructueux. La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), organisation regroupant onze pays (Angola, Burundi, Centrafrique, Congo, RDC, Kenya, Rwanda, Soudan, Tanzanie, Ouganda, Zambie) assure la médiation entre Kinshasa et la rébellion congolaise le Mouvement du 23 Mars (M23) dont les forces s'affrontent depuis mai 2012 dans la province minière du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda. C'est la septième fois depuis juillet 2012 que les chefs d'Etat de la CIRGL se réuniront pour tenter de trouver une solution à la crise dans l'est de la RDC. Oeuvrer pour le succès des pourparlers Le 7e sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de la CIRGL, auquel sont attendues l'envoyée spéciale de l'ONU dans la région, Mary Robinson et la présidente de la Commission de l'UA Nkosazana Dlamini-Zuma, doit être consacré au succès des discussions entre Kinshasa et les rebelles du M23 afin de tenter de trouver une issue rapide au conflit. Mme Robinson avait indiqué mercredi qu'elle voulait croire au succès final des discussions entre Kinshasa et le M23, affirmant que les pourparlers ne sont pas "dans l'impasse". Elle est chargée d'accompagner la mise en œuvre de l'accord-cadre d'Addis-Abeba, signé fin février par onze pays africains, dont le Rwanda et l'Ouganda. Les pays signataires s'engagent notamment à ne pas soutenir de groupes armés dans l'est de la RDC, région riche en ressources naturelles qui suscitent les convoitises. Les négociations de paix entre Kinshasa et le M23, entamées à Kampala après le retrait des rebelles de Goma dont ils s'étaient emparés le 20 novembre 2012 avant de s'en retirer une dizaine de jours plus tard, sont suspendues depuis mai dernier. Afin d'optimiser les chances de concrétiser ces pourparlers, l'envoyée spéciale a exhorté les rebelles congolais du M23 à "désarmer". "Le M23 doit cesser la violence, doit se désarmer comme le Conseil de sécurité (de l'ONU) l'a demandé", a-t-elle dit. Elle a également demandé à tous les camps en présence à Kampala à faire preuve de "sérieux", en allusion au Rwanda et à l'Ouganda, deux pays voisins de la RDC que l'ONU accuse de soutenir M23. Kigali comme Kampala démentent fermement leur implication dans le conflit. En outre, le Conseil de Conseil de paix et de sécurité de l'UA a récemment exprimé "sa profonde préoccupation" quant à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC, malgré les appels répétés de l'UA et de la communauté internationale aux parties en conflit à trouver une solution pacifique à la crise que secoue le pays. Goma a été touchée par les combats qui ont opposé du 23 au 30 août l'armée congolaise, appuyée par la nouvelle brigade d'intervention de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco), aux rebelles du M23, qui tenaient des collines situées de dix à quinze km au nord de la ville. L'offensive des forces gouvernementales leur a permis de repousser les rebelles à une trentaine de km de Goma, mais l'agglomération et ses environs ont été touchés par des chutes d'obus qui ont fait au total 13 morts, selon les autorités. Les positions du M23 sont concentrées dans le territoire de Rutshuru, adossé au Rwanda et en Ouganda. Des experts de l'ONU ont accusé ces deux pays de soutenir les rebelles qui, après une offensive éclair fin 2012 avaient occupé Goma durant une dizaine de jours fin novembre. Le M23 opère depuis mai 2012 au Nord-Kivu. Ses hommes réclament la pleine application de l'accord de 2009 qui a régi leur intégration dans l'armée, alors qu'ils opéraient dans une autre rébellion. Un dialogue de sortie de crise entre Kinshasa et le M23 s'est ouvert à Kampala mais est désormais dans l'impasse.