Des agences de l'ONU ont indiqué mercredi que 842 millions de personnes souffraient encore de faim chronique alors que le monde produit suffisamment de nourriture pour tous, tandis que 500 millions de personnes sont frappées d'obésité. Attirant l'attention sur les graves problèmes nutritionnels qui touchent plus de la moitié de la population mondiale, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont plaidé pour une refonte des systèmes alimentaires en vue d'améliorer la qualité de la nourriture consommée. Lors d'une réunion préparatoire de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition (CIN2), prévue en 2014, le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a affirmé qu'il était clair que la manière dont la nourriture est gérée aujourd'hui ne donne guère de résultats satisfaisants dans l'amélioration de la nutrition. Le fait le plus révoltant, a-t-poursuivi, c'est que 842 millions de personnes sont encore victimes de la faim de nos jours alors que le monde produit suffisamment de nourriture pour tous, tout en en gaspillant le tiers. L'objectif de cette réunion préparatoire est de renforcer la coordination internationale axée sur les systèmes agricoles, économiques, sanitaires, alimentaires et autres qui ont des répercussions négatives sur l'alimentation et les modes de consommation, en particulier dans les pays en développement. Constatant que le scénario est plus complexe, M. Da Silva a noté qu'aujourd'hui, plus de la moitié de la population mondiale souffre d'une forme ou d'une autre de malnutrition, qu'il s'agisse de la faim, de carences en micronutriments ou d'une alimentation excessive. Selon lui, le volume total de vivres produits mais non consommés permettrait de nourrir deux milliards supplémentaires d'êtres humains. Si 842 millions de personnes souffrent de faim chronique, beaucoup d'autres périssent ou subissent les effets d'une nutrition médiocre, alors que près de deux milliards d'individus souffrent de carences en micronutriments, sept millions d'enfants meurent chaque année avant d'atteindre leur cinquième anniversaire, 162 millions d'enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance, et pendant ce temps, 500 millions de personnes sont frappées d'obésité. Compte-tenu de l'ampleur de la malnutrition et de son impact sur le développement durable dans son ensemble, le Directeur général a réaffirmé le soutien de la FAO, du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM) à l'élaboration d'un objectif à part entière sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le cadre de l'Agenda de développement post-2015 qui remplacera les OMD. Pour sa part, le représentant de l'OMS, Hans Troedsson, a appelé à repenser la gestion du système alimentaire, en précisant que l'alimentation jouait un rôle essentiel dans les problèmes de santé au niveau mondial et que les enjeux de la nutrition devraient être pris en compte de la petite enfance à la maturité. ''Si notre souci principal était autrefois la malnutrition des enfants, nous sommes aujourd'hui confrontés à une épidémie d'alimentation déséquilibrée et d'activité physique insuffisante qui entraîne de multiples maux allant de l'hypertension artérielle aux maladies cardiovasculaires, en passant par le diabète et le surpoids'', a souligné M. Troedsson.