L'Association de défense des droits de l'Homme au Maroc (ASDHOM) a relevé jeudi une augmentation "inquiétante" des procès d'opinion dans le Royaume à l'encontre tant de représentants de la société civile et de défenseurs des droits de l'Homme que de militants sahraouis. "Que de procès d'opinion cette semaine au Maroc. Pas moins de sept", s'est exclamée l'ONG, basée à Paris, dans un point hebdomadaire sur sa campagne de parrainage des prisonniers d'opinion au Maroc, lancée en novembre 2012 depuis la capitale française. Elle a indiqué que cinq de ces procès ont eu lieu dans la seule journée du lundi 27 janvier, et concernent tout aussi bien des enseignants, des étudiants et des diplômés chômeurs que des défenseurs des droits de l'Homme, des militants du Groupe "20-Février", des syndicalistes et des défenseurs des victimes des dérives du microcrédit, ou encore des Sahraouis. Pour l'ASDHOM, ces informations sont "inquiétantes". "Si quatre de ces procès ont commencé il y a un bout de temps déjà (le cas des militants de l'Union nationale des étudiants du Maroc-UNEM à Meknès et de celui des deux défenseurs des victimes du microcrédit à Ouarzazate), les autres sont nouveaux et risquent de faire rallonger encore plus nos listes de prisonniers d'opinion qu'on propose au parrainage", prévient-elle dans son document parvenu à l'APS. Donnant des détails sur le Groupe "20-Février" à Tiflet, l'ASDHOM signale qu'un militant du 20-Février de Tiflet, a été condamné lundi dernier par le tribunal de première instance de Khémisset à six mois de prison ferme, pour avoir participé à un "rassemblement violent et non autorisé" lorsqu'il s'est solidarisé avec les habitants d'un quartier, qui ont manifesté contre l'installation près de leurs habitations de pilonnes de communication. "Son procès s'est déroulé à huis-clos. Sa famille et les défenseurs des droits de l'Homme ont été empêchés d'accéder à la salle d'audience", a regretté l'Association qui signale le report "incessant" du procès à l'encontre de représentants de la société civile. Elle cite, à cet effet, le cas de cinq militants de l'UNEM, arrêtés et incarcérés depuis le 17 décembre 2012, et dont le procès a été encore une fois reporté au 17 mars prochain. S'agissant des prisonniers sahraouis, l'ASDHOM évoque le cas de l'ancien détenu politique, Abdeslam Alloumadi, dont la garde à vue a été prolongée de 24 h le 23 janvier, et qui a été placé en détention provisoire, le 24 janvier, à la prison locale de ville d'El Ayoun occupée par décision du juge d'instruction près la cour d'appel de la même ville. L'association affirme que la famille du prévenu "ne sait toujours pas quelles sont les charges retenues contre lui". Dans un récent bilan de sa campagne de parrainage, elle affirmait que l'année 2013 aura été marquée par la "recrudescence" des arrestations et des procès d'opinion au Maroc, "maquillés à l'évidence en procès de droit commun ou de terrorisme".