La traduction en langue arabe des £uvres d'Assia Djebar a été vivement recommandée, mardi à Oran, à l'issue du colloque international consacré à cette illustre romancière algérienne. Cette proposition a pour objectif de "mieux diffuser la pensée de la célèbre écrivaine algérienne dont le corpus est déjà traduit dans une vingtaine de langues", a indiqué la présidente du comité d'organisation, Mme Fatima Grine-Medjad. "La traduction en langue nationale des écrits d'Assia Djebar est à même de favoriser l'accès à sa production aux jeunes générations du Maghreb en général et de l'Algérie en particulier", a-t-elle souligné. Au total, 47 conférenciers, venus des différents continents, ont participé à cette manifestation scientifique tenue, deux jours durant, à l'initiative du Laboratoire de recherche en "Langues, Discours, Civilisations et Littératures" (LADICIL) de l'Université d'Oran. La nécessité de promouvoir l'édition en Algérie des oeuvres de l'illustre écrivaine a été également mise en relief par les participants, à l'instar de Mme Amel Chaouati, présidente du "Cercle des Amis d'Assia Djebar", basé à Paris (France). "Tous les écrits de la grande romancière sont nourris par l'histoire de son pays, d'où l'intérêt de les faire connaître aux jeunes Algériens", a fait valoir Mme Chaouati qui a, pour sa part, coordonné l'élaboration d'un ouvrage intitulé "Lire Assia Djebar", publié en 2012 sous la plume d'une dizaine de chercheurs algériens et étrangers. Cette intervenante est aussi, pour rappel, l'auteur du livre "Les Algériennes du château d'Amboise" (2013) dédié aux femmes et enfants ayant accompagné l'émir Abdelkader durant sa période de détention en France. "L'idée de réaliser cet ouvrage, qui a nécessité sept années d'investigations documentaires, me fut justement inspirée par mes lectures répétitives des écrits d'Assia Djebar", a confié Mme Chaouati dont le livre sera prochainement disponible en Algérie après avoir été déjà présenté au Centre culturel algérien (CCA) à Paris. L'attachement d'Assia Djebar à l'Algérie a été mis en lumière par l'ensemble des participants à l'exemple de Mme Najiba Regaïeg de l'université de Sousse (Tunisie), dont la thèse de doctorat a été consacrée à l'illustre femme de lettres. "L'Algérie est présente dans la quasi-totalité des romans d'Assia Djebar", a observé Mme Regaïeg en mettant l'accent sur l'importance des thèmes traités, comme celui de l'exclusion des femmes dans "Les Alouettes naïves" (1967), celles qui n'ont pas eu la chance de fréquenter l'école durant la période coloniale. L'expérience cinématographique d'Assia Djebar a été aussi évoquée lors de la rencontre, notamment par Mohamed Bensalah de l'université d'Oran qui a relevé, dans sa communication, "une influence prépondérante des images induite par le profil de la femme cinéaste sur sa vocation littéraire". Le colloque a réuni une nombreuse assistance composée d'étudiants, chercheurs de différentes universités du pays et autres hommes de lettres à l'instar du romancier et dramaturge Bouziane Benachour qui a décrit Assia Djebar comme "une écrivaine qui a très bien su dire son pays, en tant qu'Algérienne et en tant que femme". Née le 30 juin 1936 à Cherchell, Assia Djebar a écrit son premier roman, "La Soif", en 1957, suivi de nombreux autres titres qui lui ont valu une reconnaissance internationale couronnée de plusieurs Prix littéraires. Elle a aussi réalisé des longs-métrages documentaires, dont "La Nouba des Femmes du Mont Chenoua", primé à la Biennale de Venise en 1979 (Prix de la Critique internationale) et "La Zerda et les Chants de lÆoubli", primé au Festival de Berlin en 1983 (meilleur film historique). Assia Djebar a été nominée en 2004 pour le prestigieux Prix Nobel de l'Académie suédoise, avant d'être élue, en 2005, à l'Académie française.