La réunion de haut niveau sur la Libye tenue en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York et les appels pressants de la communauté internationale à la formation d'un gouvernement d'union nationale ont donné un nouveau souffle aux processus du dialogue interlibyen inclusif pour le règlement de la crise dans ce pays. Les participants à cette réunion, qui a regroupé les chefs de la diplomatie des pays voisins de la Libye et des pays activement engagés dans la recherche d'une solution ainsi que des représentant de la Ligue des Etats arabes, de l'Union africaine et de l'Union européenne, étaient unanimes sur l'urgence de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale en Libye, un pays déchiré par un conflit opposant deux autorités rivales. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qui a organisé cette réunion "cruciale" en présence de dirigeants libyens, a exhorté les différentes factions à accepter le dernier projet d'accord, avançant que "celles qui le rejetteraient seraient tenues responsables des conséquences qui en suivraient." "Ce n'ai plus le moment de négocier ce texte", a lancé M. Ban, soulignant qu'"aucun accord n'est parfait, mais ce document permettra à la Libye de sortir du chaos et d'avancer vers la création d'un Etat stable et démocratique doté d'un cadre juridique claire". Jusqu'ici, les parties au dialogue interlibyen, entamé en janvier 2015 sous l'égide du représentant spécial du secrétaire général de l'Onu pour la Libye, Bernardino Leon, n'ont pas pu parvenir à conclure un accord pour mettre un terme à un conflit de quatre ans. Plusieurs projets d'accords ont été élaborés après d'âpres négociations menées dans plusieurs pays. Toutefois les dits projets d'accord faisaient toujours objet de critiques. Le dernier, celui du 21 septembre, semble connaître le même sort que les précédents. Mais la médiation internationale a souligné qu'il n'y aura plus d'autres projets d'accord, pressant les parties antagonistes à le signer avant le 20 octobre courrant. En proie au chaos depuis la chute du régime de Maâmmar El-Gueddafi en 2011, la Libye est livrée aux milices et compte deux pouvoirs rivaux, avec un Parlement basé dans la capitale Tripoli aux mains d'une coalition de milices, Fajr Libya, et un autre à Tobrouk (est), reconnu par la communauté internationale. Le conflit à affecté près de la moitié de la population libyenne, selon un rapport de l'Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). "Plus de trois millions de personnes ont été affectées par le conflit armé et l'instabilité politique que connaît la Libye, dont 2,44 millions seraient dans une situation nécessitant une protection et une assistance humanitaire", a précisé le rapport. La formation d'un gouvernement d'union nationale: une priorité Lors de la réunion de New York, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a réaffirmée la nécessité de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale en Libye doté de larges prérogatives pour assumer la transition dans ce pays. "La communauté internationale a ainsi démontré qu'elle est consciente qu'il ne saurait y avoir d'alternative à une solution négociée basée sur la signature de l'accord déjà finalisé et l'émergence d'un gouvernement de large union nationale doté de larges prérogatives (...), a souligné M. Messahel, qui s'est entretenu avec le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Dayri, notamment sur le processus de paix sous l'égide de l'Onu. Pour les deux ministres ce processus "doit aboutir à la signature d'un accord et à la mise en place d' un gouvernement d' union nationale." De son côté, la ministre nigérienne des Affaires étrangères, Aïchatou Boulama Kané, a affirmé que la situation en Libye " demeure très préoccupante et mérite que la communauté internationale s'implique d'avantage afin d'amener les populations libyennes à se réconcilier et à lutter contre les groupes terroristes qui sèment la désolation dans tout le pays". Washington: pas de temps à perdre Dans le même sillage, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a pressé les parties libyennes d'accepter au plus vite un plan de paix de l'ONU et de former un gouvernement d'union, face à l'implantation du groupe autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) dans ce pays en guerre. "Il n'y a pas de temps à perdre", a-t-elle tonné, en présence des représentants de l'Algérie, l'Italie, l'Egypte, la Suède, l'Espagne, le Tchad, le Niger, la Ligue des Etats arabes, l'Union africaine et de l'Union européenne. "Il est impératif que toutes les parties s'efforcent d'approuver l'accord cadre final et nomment des dirigeants, dès que possible, pour ce nouveau gouvernement", a insisté M. Kerry. Mais, a-t-il mis en garde, "si des milices ou des dirigeants continuent de se battre pour des intérêts autres que ceux de la Libye, cela ne fera qu'aider EI/Daech et c'est exactement ce que à quoi nous assistons". Par: Ali KEFSI