La nouba, définie comme une composition musicale bien structurée, construite selon un mode bien défini, est un "patrimoine maghrebo-andalou devenu par la suite un patrimoine maghrébin", a estimé samedi à Constantine l'universitaire tunisien Mahmoud El Guettat. "Historiquement le Maghreb a existé bien avant l'Andalousie, et la population maghrébine qui renferme goût et émotion a développé ce genre musical" a précisé ce spécialiste en musicologie lors d'une conférence au cours de laquelle il a développé une approche historique et descriptive de l'interprétation de la musique maghrébine andalouse, organisée au palais de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa. Il a souligné, dans le même ordre d'idées, que souvent, "le Maghreb est marginalisé par les orientaux" et le rôle des maghrébins dans l'évolution de la musique arabe "reste méconnu". Précisant que la nouba avait débuté dans la cour Abbasside au 9ème siècle, avec le calife Haroun Al Rachid, le conférencier a ajouté que trois mouvements (Inchad, Bassit et El Ahzadj) caractérisant cette composition musicale avaient été utilisés par Ziryab lors de son déplacement en Andalousie. Il a également indiqué que ses ramifications dans le monde arabe et musulman ont abouti à de multiples variations portant différentes appellations. Mahmoud El Guettat, dont le thème de la conférence est inspiré de sa thèse de doctorat soutenue à l'université de la Sorbonne (France), a précisé "réfuter l'appellation musique andalouse uniquement", estimant que l'appellation la plus appropriée est "musique maghrébo-andalouse". Affirmant qu'une "vision scientifique fondée sur des documents fiables" doit accompagner tout travail académique dans ce sens, le musicologue a avancé que la diversité caractérisant les écoles de la musique savante, depuis le Maroc, en passant par Tlemcen, Constantine, Tunis puis la Libye "confirme que la nouba est plutôt maghrébine". Le musicologue tunisien a évoqué l'apport de l'Algérien Ahmed Al Tifachi (1184-1253), né à Souk Ahras en pleine évolution de la musique arabe, pour souligner tout l'intérêt de "se pencher davantage sur le sujet" avec, a-t-il précisé, "une vision scientifique plutôt que littéraire et historique". Au cours d'un débat passionnant, quelquefois teinté de controverses, Abdallah Hamadi, de l'université Constantine 1, a estimé que la nouba "ne peut-être qu'une créativité andalouse". Il a souligné que le patrimoine andalou subit beaucoup de "larcins" et que la précision des références sur lesquelles se basent les études était "primordiale". Cette conférence est organisée dans le cadre du festival international du malouf devant être clôturé dans la soirée de samedi au théâtre régional de Constantine.