Les Etats unis viennent d'annoncer leur volonté de mettre fin à la prédominance russe sur le marché gazier européen en soutenant le projet de l'union de l'énergie du continent et le développement des infrastructures du GNL. Antony J. Blinken, premier adjoint de John Kerry, dont les propos ont été publiés mercredi par le département d'Etat américain, a affirmé ouvertement que ‘‘ l'Europe n'avait pas besoin de gazoducs supplémentaires qui vont livrer le même gaz russe aux mêmes clients européens ‘‘. Blinken qui s'exprimait lors du sommet du conseil de l'Atlantique sur l'Energie et l'économie et dont les travaux se sont déroulés dernièrement à Istanbul en Turquie, a précisé que le GNL, un gaz économique et flexible dans l'approvisionnement, constituait une alternative crédible au gaz russe. ‘‘ Au lieu (des gazoducs russes) l'Europe a besoin de l'amélioration des interconnexions (électriques) et des infrastructures stratégiques de GNL ‘‘ en mesure d'alimenter tout le continent européen, a-t- il ajouté, citant en cela l'exemple des pays baltes (Lituanie, la Lettonie et l'Estonie), véritable ile énergétique, qui œuvrent avec succès depuis une année à diversifier leurs sources d'approvisionnement. La nouvelle stratégie énergétique européenne, lancée en février 2015, et à laquelle l'administration américaine va prêter main forte, selon les propos de Blinken, sera appuyée par l'entrée en service du corridor gazier sud-européen devant acheminer le gaz de la mer caspienne de l'Azerbaïdjan à l'Europe. D'ailleurs, Bruxelles poussée par Washington a fait la promotion de ce méga projet. La mise en service de ce corridor, constitué de plusieurs canalisations, ‘‘va changer la carte énergétique du continent européen ‘‘, a avancé le diplomate américain qui a indiqué toutefois que cette stratégie ne visait pas à éliminer le gaz russe du continent mais plutôt à empêcher Moscou d'utiliser cette énergie comme une arme politique. Le schiste américain comme alternative au gaz russe ‘‘ La Russie est et restera un acteur majeur tant qu'elle se soumettra aux règles: aucune nation ne doit utiliser l'énergie comme une arme politique ‘‘, a-t-il tempéré à ce propos. Blinken a énuméré au passage les bonnes performances réalisées pas l'administration Obama dans l'investissement énergétique qui s'est traduit par une hausse significative de la production des hydrocarbures mais n'a soufflé mot sur les ambitions des Etats Unis de se déployer sur le marché gazier européen. Aux Etats-Unis, l'essor qu'a connu l'exploitation du gaz de schiste a rendu le premier consommateur mondial de pétrole quasi auto-suffisant poussant le lobby pétro-gazier américain à chercher un appui auprès du Congrès pour convaincre l'administration Obama d'autoriser les exportations de gaz naturel. L'ancien président de la chambre des représentants, John Boehner, qui a plaidé en 2014 la cause de ces entreprises est parvenu à avoir le feu vert des autorités américaines pour l'un des six projets de terminaux d'exportation de GNL vers l'étranger. Mais selon des analystes gaziers, le défi de la réduction de la dépendance de l'Europe au gaz russe sera long à relever, la chaine gazière étant longue et couteuse, alors qu'en parallèle les livraisons russes au vieux continent augmentent d'année en année dans un contexte de la baisse des réserves britanniques et norvégiennes en mer du nord.