Les financements et la différentiation des responsabilités dans les changements climatiques figurent toujours parmi les divergences à la veille de la clôture de la Conférence mondiale sur le climat (COP21), a souligné à l'APS un membre du Comité chargé d'élaborer la Contribution algérienne. La question des financements est l'un des points focaux en cours de négociations à la COP21 de Paris pour définir les pays devant mobiliser ces fonds ainsi que les pays bénéficiaires dans l'objectif de faire face aux conséquences des changements climatiques et réduire les émissions de gaz à effet de serre, explique M. Noureddine Yassaa qui est également le directeur du Centre de développement des énergies renouvelables (Cder). "Les pays développés veulent impliquer les pays émergents pour qu'ils participent à cet effort et qu'ils mettent, eux aussi, la main dans la poche, chose que les pays émergents refusent" du fait qu'ils ne sont pas responsable historiquement de ce phénomène qui remonte à l'ère industrielle, relève-t-il. La destination de ces financements présente aussi un point de désaccord afin de définir la liste des pays éligibles au soutien financier. En fait, les pays développés ne veulent financer que les pays les moins développés et les pays insulaires, c'est-à-dire les pays les plus pauvres, alors que les pays en développement, dont l'Algérie, défendent la généralisation de ce soutien à tous les pays vulnérables aux changements climatiques. "Sur cette question, l'Algérie veut être éligible au financement et bénéficier de l'accompagnement international en matière de transfert réel de technologie et de la formation", insiste-t-il. En outre, les pays en développement demandent aux pays développés d'honorer leur engagement, pris lors de la Conférence de Copenhague en 2009, de mobiliser 100 milliards de dollars chaque année au profit des pays vulnérables aux changements climatiques en attendant l'entrée en vigueur, en 2020, de l'Accord de Paris. L'enjeu de la responsabilité historique et différenciée des Etats constitue une autre entrave face aux négociations. Dans ce cadre, ajoute M. Yassaa, les pays en développement (Afrique, Amérique latine et Asie) exigent des pays développés, fortement responsables du réchauffement climatique, d'assumer leurs responsabilités et d'être les leaders en terme d'effort de réduction des émissions du gaz à effet de serre. "Les pays en développement, comme l'Algérie, ne sont pas responsables du réchauffement climatique et ils ne peuvent donc pas faire des réductions au même titre que les pays développés alors que les pays en développement ont aussi droit au développement pour assurer leur croissance économique", souligne cet expert. Par ailleurs, les participants à la COP21 exigent l'instauration d'un mécanisme de contrôle et de vérification des engagements des différents pays notamment ceux industrialisés. Ils demandent, à cet effet, d'appliquer ce mécanisme selon le même principe de responsabilité historique: un contrôle rigoureux pour les pays développés et flexible pour les pays en développement. --L'Algérie contre la vente de carbone-- Interrogé sur la position de l'Algérie sur la vente de carbone, qui consiste à payer l'équivalent des émissions de CO2, M. Yassaa affirme que l'Algérie refuse cette option, et ce, comme tous les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). "Il faut faire la différence entre un pays producteur de pétrole et un pays consommateur. Il ne faut pas généraliser cette taxe à tout le monde", selon lui. D'ailleurs, les pays producteurs de pétrole sont très sensibles à cette question et défendent fermement leur position pour ne pas se soumettre à cette taxe.