Un nombre de 24 zones à travers le territoire national présentent de hauts risques d'inondations qui exigent, en conséquence, une intervention prioritaire, selon une étude sur la stratégie nationale de lutte contre les inondations à l'horizon 2030, présentée dimanche à Alger. Réalisée par un consortium de bureaux d'études espagnols et hollandais, sous la direction de la société espagnole Ofiteco en partenariat avec le ministère des Ressources en eau et de l'environnement, cette étude révèle l'existence, en Algérie, de 689 sites à risques d'inondations dont 50 à haut risque parmi lesquels 24 impliquent une intervention prioritaire. Pour le directeur de l'assainissement au ministère des Ressources en eau, M. Ahcène Aït Amara, l'étude indique que des zones dans les régions nord, est et sud du pays sont les plus exposées aux risques d'inondations, ajoutant que le sud du pays se distingue par l'apparition de crues très rapidement causant de sérieux dégâts. L'étude, qui a nécessité deux années de travail pour un financement de 1,2 million d'euros, entre dans le cadre du Programme d'appui au secteur de l'eau et d'assainissement (EAU II), lancé en 2011 dans le cadre d'un partenariat entre l'Algérie et l'Union européenne avec un financement global de 40 millions d'euros dont 10 millions d'euros fournis par l'Algérie et 30 millions d'euros par la partie européenne. "L'Algérie ne figure pas parmi les pays où les inondations font des milliers de morts, mais elle reste sujette à des inondations récurrentes", a avisé M. Aït Amara. Sur ce point, les auteurs de l'étude ont indiqué que près de 1.600 personnes sont mortes suite aux différentes inondations survenues en Algérie depuis 1921. Lors de la présentation des résultats de l'étude, l'expert auprès du consortium de bureau d'études, Victor Perez, a mis l'accent sur la nécessité de coordonner les efforts entre les différentes institutions du pays, signalant que la gestion des inondations ne relevait pas uniquement de la seule autorité du ministère des Ressources en eau. Il a également relevé l'importance des actions "non structurelles" impliquant notamment l'adoption de systèmes de prévision des inondations sur la base de données précises sur la récurrence de ce phénomène, la mise en place de plans d'actions visant à former la population aux réflexes à adopter en cas d'inondation ainsi que la prise en charge psychologique des victimes. Les actions structurelles, quant à elles, concernent essentiellement les travaux au niveau des barrages, des canalisations d'eau et des sites naturellement exposés afin de réduire les risques d'inondations. Pour sa part, M. Goumiri, également expert au sein du consortium, s'est focalisé sur la nécessité de délimiter du domaine hydraulique des wilayas et de cesser la délivrance de permis de construire au niveau des zones inondables. L'adoption d'une réglementation spécifique aux zones inondables, la coordination entre les différentes institutions, la mise en place d'une structure de suivi des inondations sont les principales recommandations prônées par l'étude qui préconise aussi l'usage de moyens techniques pour prévenir les inondations. Il s'agit principalement des équipements de mesures de pluviométrie à même de donner l'alerte dans le cas où un certain seuil serait dépassé. Les participants à cette rencontre ont particulièrement insisté sur l'importance de communiquer aux walis les résultats de cette étude, considérant que ces derniers sont les premiers concernés par les situations d'inondations, comme ils ont suggéré que le ministère de l'Intérieur doive chapeauter la structure de suivi des inondations. L'étude, qui a nécessité l'implication de plusieurs ministères et institutions, devra être prochainement validée pour donner lieu officiellement à la Stratégie nationale de lutte contre les inondations à l'horizon 2030.