Les huileries implantées dans la wilaya de Jijel, qu'elles soient modernes ou traditionnelles, tournent à plein régime depuis le lancement, en octobre dernier, de la campagne oléicole. La production d'huile d'olive pourrait bien atteindre le double du volume de 5 millions de litres que les responsables locaux avaient escompté dans leurs prévisions, selon la direction des services agricoles. Les oléiculteurs se frottent les mains devant l'abondance d'olives cueillies à travers l'ensemble des vergers de la wilaya, et les transformateurs aussi,à l'exemple des frères Bouchemal, propriétaires d'une huilerie moderne au chef-lieu de wilaya. Leur unité de trituration fonctionne 22 heures sur 24, les deux heures de repos étant consacrées au nettoyage et à l'entretien des équipements. Dans cette unité familiale gérée par ses oléifacteurs aguerris dans le domaine de la transformation d'olives en huile, des milliers de sacs pleins d'olives jonchent le sol, devant et aux alentours de l'huilerie. Un ballet presqu'ininterrompu de camions et de camionnettes débarquant le fruit de l'olivier est observé du matin au soir pour débarquer le précieux produit cueilli de l'arbre millénaire. Si bien que la réception, la transformation et la livraison du produit fini (huile d'olive) se font sur rendez-vous. Cependant, le procédé devenu obsolète du stockage des olives dans des sacs en nylon ou en jute est encore de mise, même s'il influe négativement sur la qualité de l'huile d'olive avec notamment un fort taux d'acidité. En effet, comme l'expliquent les frères Bouchemal, un taux d'acidité bas constitue la condition "sine qua non" du placement de l'huile sur les marchés étrangers. Les deux chaines de production de cette huilerie travaillent sans discontinuer pour offrir, cependant, une huile très recherchée sur le marché local, voire dans les autres régions du pays. La campagne de trituration pourrait aller jusqu'à mars ou avril prochain, eu égard à l'abondance de la "matière première" arrivant d'un peu partout, y compris de certaines wilayas limitrophes, a-t-on assuré, ajoutant que les rendements, cette saison, sont de l'ordre de 14 quintaux d'olives par hectare. La culture de l'olivier, une "manne céleste" dans laquelle nombre d'agriculteurs se sont investis, a gagné progressivement du terrain dans cette région à vocation agricole. Les superficies oléicoles en exploitation sont actuellement de 14.300 hectares, ce qui représente 30 % de la surface agricole utile (SAU) de la wilaya, a indiqué à l'APS Yacine Zedam, secrétaire général de la Chambre de l'agriculture. Ce potentiel se concentre dans trois zones (Est, Ouest et Centre) formant la carte de répartition des exploitations agricoles de la région où l'on dénombre environ 1.400 oléiculteurs regroupés au sein d'une association professionnelle ainsi que 134 huileries (87 traditionnelles, 24 modernes et 23 semi-automatiques). Cette activité, très pratiquée aussi bien par les femmes que par les hommes, a été couronnée par la mise en place d'un Conseil interprofessionnel de la filière oléicole après une large campagne d'information et de sensibilisation ayant touché les oléiculteurs de la région, les pépiniéristes des oliviers, les distributeurs de matériels de production, les fabricants d'équipements de production et des commerçants de produits oléicoles. Dans la wilaya de Jijel, l'olivier et l'huile d'olive font partie des priorités pour le développement et la promotion de ce secteur "juteux" qui attire et fait travailler une importante main d'oeuvre, surtout familiale, pendant la saison de la cueillette. Aujourd'hui, le spectacle des huileries de la région, d'Est en Ouest, regorgeant de sacs emplis d'olives, renseigne bien sur la "bonne année" de cette filière, au grand bonheur des producteurs, des transformateurs et des consommateurs, en dépit du prix affiché (600 à 750 dinars/litre selon la variété). En tout état de cause, s'agissant de l'oléiculture à Jijel, cette saison, tout semble baigner dans l'huile ! Par Abdelhamid Zouad