De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Cette année encore, la production oléicole connaîtra une chute vertigineuse dans la wilaya, selon les prévisions de la Direction des Services Agricoles qui table sur une production ne dépassant pas les 200 000 quintaux d'olives, soit moins du quart de la quantité produite durant la campagne écoulée dont la production a atteint 820 000 quintaux. Le facteur naturel de l'alternance ne peut être la seule explication à cet état de fait, puisque malgré différentes campagnes d'information et de sensibilisation menées par les services agricoles en direction des oléiculteurs, la cueillette et le stockage des olives continuent à souffrir de mauvaises conditions de déroulement. Des conditions qui empêchent à ce jour leur exploitation économique optimale, notamment dans le cadre d'une éventuelle exportation.En effet, de nombreux oléiculteurs persistent dans le gaulage comme technique de cueillette détruisant ainsi les pousses censées donner les fruits l'année d'après. Cette technique de cueillette effectuée à l'aide d'une longue perche a longtemps été décriée par les spécialistes et les pouvoirs publics, mais cela n'empêche pas la poursuite de cette technique dans une société où les vergers sont la propriété de particuliers, dont la majorité ne cherche pas à commercialiser leurs produits, mais les réserve à la consommation familiale. D'ailleurs, de nombreuses huileries se plaignent du manque criant de l'olive, du fait justement que les familles propriétaires d'oliveraies préfèrent se contenter du service trituration chez les oléifacteurs dans le but de garder l'huile d'olive pour une consommation familiale. C'est vraisemblablement pour cette raison que les familles propriétaires d'oliveraies ne prennent pas en compte les recommandations formulées par les services de l'agriculture et les spécialistes leur conseillant de parfaire leur technique de cueillette et de stockage ; particulièrement la recommandation relative à la période de cueillette que les propriétaires d'oliviers ne respectent pas pour différentes raisons. Pourtant, les spécialistes précisent bien que la cueillette doit se faire en période de véraison de l'olive, c'est-à-dire quand l'olive entame sa tournure du vert vers le violet foncé car c'est à ce moment-là que le fruit a atteint son maximum d'huile. Les oléiculteurs doivent comprendre, de ce fait, que la cueillette ne doit pas trop s'étaler dans le temps pour que l'olive garde son maximum d'huile, mais cet aspect n'est pas respecté également pour la simple raison que les propriétaires comptent beaucoup plus sur les membres de la famille, généralement les femmes, qui ne sont pas toujours disponibles, pour accélérer l'opération de cueillette et avoir le maximum de récolte à la bonne période. A quoi bon payer des gens pour un travail qu'on peut faire soi-même ? se disent-ils, mettant ainsi parfois des mois pour finir la récolte de tous leurs oliviers.En plus, en matière de stockage, le problème persiste encore avec l'utilisation par de nombreux oléiculteurs et quelques oléifacteurs de sacs en jute pour le stockage des olives avant trituration, alors que l'idéal reste le stockage dans des caissons en plastique qui n'engendrent pas la fermentation de l'olive et ne provoquent donc pas l'acidité de l'huile. Et le stockage ne doit pas durer trop longtemps, disent encore les spécialistes et même les responsables de la filière oléicole de la Direction des Services Agricoles qui ont toujours exhorté les propriétaires des huileries à ne pas trop garder les fruits avant la trituration. Pratiquement toutes les techniques sont à revoir dans la filière oléicole de la wilaya de Tizi Ouzou, de la cueillette à la trituration, en passant par le transport et le stockage. Des tares encore persistantes qui font qu'à ce jour, l'huile d'olive produite dans cette wilaya n'est pas encore exportable et est économiquement non rentable parce qu'elle reste encore trop acide pour non respect de toutes ces techniques, alors que les pays étrangers, particulièrement européens, sont intraitables en ce qui concerne les normes de production et la qualité des produits à commercialiser sur leurs territoires.Mais le gaulage est en partie la source de l'importante baisse de production parce que c'est une technique qui provoque des cassures au niveau des boutures porteuses des fruits, et par conséquent, réduit la production de la campagne suivante. Et les chiffres avancés par les services de l'agriculture au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou donnent froid dans le dos, notamment à ceux qui vont être appelés à acheter l'huile d'olive. Cette denrée irremplaçable dans les foyers de la région coûtera plus cher cette année puisqu'elle sera rare. En effet, si la campagne 2010/2011 a donné pas moins de 14 millions de litres d'huile, la production oléicole de cette année ne dépassera pas les 3.6 millions de litres, selon les prévisions faites par le service de production au niveau de la Direction des Services Agricoles qui tablent sur un rendement à l'hectare de 7 quintaux d'olives contre près d'une trentaine l'année dernière. Une importante baisse qui va se répercuter inévitablement sur le prix de l'huile d'olive qui va certainement atteindre les 500 dinars le litre comme cela a été le cas lors de la campagne 2009/2010. Il y aura également un impact certain sur les quelques 460 huileries activant dans la wilaya de Tizi Ouzou qui souffrent déjà du manque d'olives sur le marché.