L'utilisation de l'Islam à des fins politiques et les conflits entres ses différentes doctrines notamment au moyen Orient, nuisent à toute tentative de réhabilitation de ses valeurs de paix et de tolérance, ont estimé dimanche des responsables d'organisations britanniques arabes et musulmanes. Toute tentative visant à réhabiliter l'Islam, ses valeurs et son image au yeux de l'opinion internationale ou britannique sera "discréditée" par les comportements "négatifs" de ceux qui utilisent la religion à des fins politiques, ont souligné le président du réseau arabe britannique, Wafik Moustafa, et le directeur du centre culturel islamique de Londres, Ahmed Doubayan, à l'APS. L'initiative "Visiter ma mosquée" organisée par le Conseil musulman britannique, a été louée par les différentes organisations présentes au centre culturel islamique, en tant que démarche à même de "renforcer l'intégration des musulmans" d'une part et de "disculper" l'Islam de toute accusation de violence et d'intolérance. Toutefois, ils ont avoué que "les crimes commis au nom de l'Islam rendent difficile cette mission pendant que les défis augmentent avec les divisions politiques qui ont des retombées néfastes sur la pensée religieuse". Par ailleurs, M. Wafik Mustafa, qui est également président du groupe arabe dans le parti conservateur, a déclaré que le fait de "ghettoïser les musulmans dans une même communauté au lieu de les nommer par leurs nationalités, comme c'est le cas pour les autres communautés, n'aide pas les musulmans britanniques à s'identifier". Au Royaume Uni, on ne nomme pas une communautés algérienne, égyptienne,pakistanaise ou autre, comme on nomme la communauté allemande, française et belge, mais on appelle toutes les nationalités musulmanes, communauté musulmane tout court. M. Wafik Mustafa pense que cette situation "explique que certains s'identifient à un Etat islamique fictif, lorsqu'ils n'arrivent pas non plus à s'identifier dans leur pays d'accueil". A la question de savoir si l'initiative qui a concerné plus de 80 mosquées britanniques en Angleterre, Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande du Nord, est une réaction à l'enquête demandée par le premier ministre britannique, David Cameron, sur les activités des islamistes à Londres, M. Dubayan a expliqué que "dans un sens oui", avouant toutefois, que l'initiative ne changera en rien au rapport déjà établi. En avril 2014, le Premier ministre britannique, David Cameron, avait chargé l'ancien ambassadeur britannique à Riyadh, John Jenkins et le directeur général du Bureau pour la sécurité et le contre-terrorisme, Charles Farr, d'enquêter sur les activités, l'histoire, l'idéologie et l'influence des Frères musulmans et de leurs réseaux affiliés. Fin décembre 2015, dans une lettre adressée au Conseil des lords, il avait déclaré que "certains frères musulmans britanniques ont une relation très ambiguë avec l'extrémisme violent", ajoutant qu'"avoir des liens avec les frères musulmans pourrait être un possible indicateur d'extrémisme". Il avait indiqué que les "Frères musulmans continueraient à faire l'objet d'un examen afin de garantir qu'ils n'enfreignent pas les lois britanniques en matière de terrorisme et de financement du terrorisme". Ces propos résumaient les conclusions du rapport, dont la publication a été retardée à plusieurs reprises et n'a pas encore été publié dans son intégralité. "Visiter ma mosquée », a permis de réunir "pour la première fois, musulmans, juifs, chrétiens, indous, femmes voilées et non voilées, au sein d'une mosquées", ce qui "aide à créer une atmosphère d'entente et de tolérance dont ont grand besoin toutes les religions", a-t-on estimé. Lors du lancement de l'événement, la parole avait été donnée à des représentants de fondations de différentes religions. Ils ont tous mis l'accent sur l'importance d'éduquer les futures générations sur les principes de paix et de tolérance. Des expositions, des conférences et des débats ont été programmés dans les mosquées qui ont adhéré à l'initiative "Visiter ma mosquée" qui a ouvert les portes des mosquées aux musulmans et non musulmans. La manifestation a pour objectif d'expliquer les "vrais préceptes de l'Islam" et "ce qu'est réellement l'Islam loin des gros titres hostiles qui s'attaquent aux musulmans", selon ses organisateurs. Il s'agissait de réunir les musulmans et les non musulmans "pour faire preuve d'unité et de solidarité durant une période tendue pour les communautés de foi, ou les attaques contre l'Islam et les musulmans ont augmenté" et "sensibiliser autour des valeurs musulmanes", expliquent les organisateurs. 500 organisations musulmanes régionales et locales, activant au Royaume Uni, sont affiliées au Conseil britannique musulman. La communauté musulmane vivant au Royaume Uni compte environ trois millions, soit, environ 5% de la population. Le Royaume compte quelque 1.750 mosquées.