Le Yémen s'est enfoncé dans une crise humanitaire qui n'en finit pas due aux combats notamment entre les rebelles houthis et la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, ce qui a rendu de plus en plus difficile le travail des organisations humanitaires pour venir en aide à près de huit millions de personnes souffrant d'insécurité alimentaire. Des pénuries en nourriture, d'essence, d'eau et d'électricité. Il manque de tout au Yémen, où aucune trêve humanitaire n'a été respectée depuis le début du conflit il y a presque une année. Les ONG peinent à ravitailler les populations en raison des violences qui ont plongé 7,6 millions de personnes dans une situation d'insécurité alimentaire sévère nécessitant une assistance extérieure d'urgence. L'Arabie Saoudite, à la tête d'une coalition militaire arabe qui intervient depuis mars 2015 au Yémen, a demandé la semaine dernière à l'ONU --qui a refusé-- d'éloigner le personnel humanitaire des zones contrôlées par les rebelles houthis au Yémen au moment où la coalition amplifie ses frappes aériennes contre ces insurgés appelés Houthis. "Les avertissements ne dispensent pas la coalition menée par l'Arabie Saoudite de ses obligations légales de protéger le personnel et les installations humanitaires des frappes", écrit l'organisation Human Rights Watch (HRW). "Ils (les Saoudiens) ne peuvent pas se dérober à leur responsabilité en blâmant les agences d'aide qui ont du mal à répondre à l'aggravation de la crise" au Yémen, précise James Ross, directeur juridique et politique à HRW dans un communiqué. Le gouvernement saoudien devrait renoncer à sa demande, formulée dans une lettre le 5 février à l'ONU, et annoncer que "conformément à ses obligations en matière de droit humanitaire, la coalition prendra toutes les mesures possibles pour minimiser les pertes civiles et faciliter l'accès à l'aide humanitaire", souligne HRW. Les Nations unies ont eu plusieurs différends avec Ryadh concernant l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen où 80% de la population souffre de graves pénuries alimentaires et médicales. "En plus de l'environnement actuel déjà dangereux, les parties au conflit contribuent à la réduction de l'accès humanitaire", a déploré le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, à l'occasion d'une réunion mardi du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays. Il a regretté notamment que l'autre partie incriminée (les Houthis) et leurs alliés n'"autorisaient la circulation du matériel et personnel humanitaire que de façon très inégale". Le secrétaire général adjoint s'est également alarmé que "les livraisons humanitaires dans les zones où sévit le groupe terroriste al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), y compris dans le gouvernorat de l'Hadramaout et à Aden, sont extrêmement difficiles et dangereuses". Taëz, une ville coupée du monde Taëz est l'un des 10 gouvernorats, sur les 22 que compte le Yémen, faisant face à une insécurité alimentaire sévère, catégorisée à un niveau d'"urgence", un cran en dessous de l'échelon "famine" sur l'échelle à 5 points du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire. Le PAM fournit une assistance alimentaire à autant de personne dans le besoin que possible dans des parties de la ville de Taëz depuis décembre 2015, mais en raison des combats, il a été difficile de livrer la nourriture dans tous les quartiers de la ville. Au moins un ménage sur cinq dans la région ne dispose pas de suffisamment de nourriture pour mener une vie saine et a perdu ses moyens de subsistance. Beaucoup d'entre eux souffrent de taux mortels de malnutrition aiguë. Les ONG espèrent reprendre pied dans cette ville et les gouvernorats du nord du pays, où les besoins sont les plus importants, est aussi le plus difficile en raison de l'intensité des combats", avec la prochaine mise en oeuvre d'un Plan d'intervention humanitaire 2016 de l'ONU pour le Yémen. Dans son chapitre financier, ce plan qui est sur le point d'être rendu public d'ici la fin de la semaine, consiste à, avec l'appui des donateurs, à collecter 1,8 milliard de dollars, le montant nécessaire pour répondre aux besoins prioritaires dans tous les gouvernorats du pays d'ici la fin de l'année". Le conflit a aggravé la situation de la sécurité alimentaire déjà précaire du Yémen, plongeant plus de 3 millions de personnes supplémentaires dans la faim en moins d'un an. Selon l'Aperçu des Besoins Humanitaires de l'ONU en 2016, 7,6 millions de personnes au Yémen souffrent d'insécurité alimentaire sévère, un niveau de besoin qui nécessite une assistance alimentaire extérieure d'urgence. Depuis l'intervention de la coalition au Yémen en mars 2015, le conflit au Yémen a fait plus de 6.100 morts, dont environ la moitié de civils, selon les dernières estimations de l'ONU.