Plusieurs milliers de personnes ont investi samedi la rue des grandes villes françaises pour réclamer le retrait du projet de loi sur le travail qui continue, deux mois après, à susciter la colère des syndicats de salariés et organisations de jeunesse. Même si le texte du projet a connu plusieurs moutures, les opposants ne semblent pas baisser les bras au regard de la forte mobilisation à travers la France. L'intersyndicale, composée de quatre syndicats et de trois organisations estudiantines, a appelé à l'organisation de plus de 200 manifestations et rassemblements partout en France, disant s'attendre à une "mobilisation importante". Nouveauté : cette mobilisation est accompagnée d'un appel à cesser le travail, exécuté samedi dans les centres d'appel de SFR. A Paris, les jeunes (lycéens et étudiants) ont organisé dans l'après-midi une marche pour rejoindre les travailleurs en vue d'un grand défilé en direction de la place de la Nation, a-t-on constaté. Une banderole principale soulevée par les manifestants : "Code du travail, projet de loi El Khomri - Pour l'emploi, l'urgence c'est l'augmentation des salaires et des pensions". Ils étaient encadrés par les militants des syndicats qui se sont dit "optimistes et déterminés". Parmi les slogans, on pouvait lire "Game over - le peuple se réveille" et les jeunes scandaient "on lâche rien". Dans d'autres grandes villes, les manifestations ont drainé des foules moins nombreuses que la dernière mobilisation (31 mars), sauf à Rennes (ouest de la France) où des heurts entre manifestants et forces de l'ordre se sont produits qui ont fait plusieurs blessés. Cependant, des organisateurs ne cachent pas leur crainte de voir le mouvement s'essouffler, en raison des vacances de lycéens et étudiants dans certaines régions, reconnaissant même que "les vacances, ça pèse". La contestation contre le projet de loi, actuellement examiné par l'Assemblée française, est entrée dans son deuxième mois. Depuis le 9 mars, les partisans du retrait du texte ont organisé cinq journées d'action, dont deux réunissant jeunes et travailleurs. Dans la nuit, des rassemblements "Nuit Debout" sont organisés dans près de 60 villes. Depuis le 31 mars, le mouvement se réunit tous les soirs sur la place de la République, à Paris. Devant cette situation, le gouvernement de Manuel Valls a lancé une série de discussions, notamment avec les jeunes lycéens et étudiants afin de les écouter et connaître leurs propositions. Huit organisations de jeunes ont été conviées lundi prochain au siège du Premier ministre (Matignon) afin, dit-on, d'"améliorer l'ensemble des politiques publiques vers la jeunesse". Pendant ce temps, le projet de loi, soutenu par le patronat et donc jugé "très libéral", poursuit son parcours législatif, avant d'être débattu dans l'hémicycle le 3 mai. Jeudi dernier, la commission des Affaires sociales a terminé son examen, en proposant plusieurs autres modifications, notamment pour les articles suscitant le plus de réactions, comme par exemple les licenciements économiques. C'est dans son plan d'action d'inverser la courbe du chômage et booster la croissance économique, deux objectifs qui ne semblent pas connaître une amélioration, que le gouvernement a inscrit cette réforme du code de travail, mais les opposants à ce projet, même dans les rangs de la majorité, le jugent "trop favorable au patronat et insuffisamment protecteur pour le salarié".