Malgré la sortie médiatique jeudi soir du président François Hollande à la télévision en vue d'apporter des réponses aux questions de l'heure, plusieurs centaines de jeunes manifestants ont réagi violemment tard dans la soirée de jeudi causant de nombreuses dégradations dans la capitale. Ce ‘‘péril jeune'‘, mobilisé depuis plus d'un mois contre le projet de loi sur le travail, qui voulait se diriger jeudi soir vers l'Elysée pour accueillir le Président après son intervention sur France 2, a été empêché par un cordon de sécurité qui a dévié de leur itinéraire les manifestants. Des centaines de jeunes, incontrôlés et cagoulés pour certains, ont saccagé, dans les 10e et 19e arrondissements, des vitrines, des abribus ou encore des véhicules. Plusieurs d'entre eux ont été interpellés par la police. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fustigé vendredi ‘‘ces violences qui s'appliquent à des biens, qui s'appliquent à des personnes, qui s'appliquent à des enseignants'‘, qu'il a jugées ‘‘intolérables'‘. Il a indiqué que les auteurs de violences, en marge des manifestations contre la loi du travail et des rassemblements du mouvement ‘‘Nuit debout'‘, seront ‘‘inlassablement interpellés et poursuivis'‘. Dans la journée de jeudi, des échauffourées se sont déroulées sur la place de la République. Des manifestants cagoulés ont jeté des chaises, bâtons et bouteilles en direction du cordon de la police qui a riposté avec des charges et du gaz lacrymogène. Les jeunes, des étudiants et lycéens, continuent de manifester dans plusieurs villes françaises pour réclamer le retrait du projet de loi travail, qu'ils accusent d'aggraver leur précarité, malgré des annonces faites lundi par le gouvernement en faveur de leur insertion professionnelle. Chaque soir depuis deux semaines, rappelle-t-on, des centaines de personnes se réunissent place de la République à Paris, point de ralliement du mouvement ‘‘Nuit debout'‘, loin de s'essouffler qui se tient également dans plusieurs autres villes, contre le projet de loi travail. Au cours de l'émission de France 2 ‘‘Dialogues citoyens'‘, suivie par 3,5 millions de téléspectateurs contre 9,9 millions en février dernier, selon France Télévisions, François Hollande a souligné que cette loi ‘‘ne sera pas retirée'‘, ajoutant qu'elle pourrait connaître cependant des ‘‘corrections'‘. Dans sa prestation médiatique, le chef de l'Etat français a tenté de convaincre ses opposants, à droite et même dans sa mouvance politique, les salariés et la jeunesse, sur le bien-fondé de sa démarche tout en défendant son mandat que les Français jugent pour le moment ‘‘très négatif'‘. Le président du Sénat, Gérard Larcher, (Les Républicains) a d'ailleurs vivement critiqué le président Hollande ‘‘qui nous disait que la France allait mieux'‘, indiquant avoir ‘‘l'impression qu'on ne vit pas dans le même pays'‘. Pour l'extrême droite, ‘‘il n'y avait aucune réponse dans ses réponses aux Français'‘, alors que la numéro 2 du MoDem (droite, Bayrou), Marielle de Sarnez, a indiqué qu'elle ne l'a pas trouvé ‘‘convaincant'‘. Le premier responsable du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a estimé, quant à lui, que François Hollande et la gauche ont besoin d'une décennie pour obtenir des résultats, relevant que le Président a été ‘‘bienveillant vis-à-vis de ses interlocuteurs, il montrait qu'il était à l'écoute'‘. En attendant les réactions des candidats potentiels à la présidentielle de 2017, notamment de la droite, la presse française paraissant vendredi n'a pas épargné François Hollande de critiques, notamment sur son quinquennat, qui s'apparente, selon des titres, à ‘‘un chemin de croix'‘. Pour L'Est Républicain, ‘‘rien ne va plus dans le quinquennat de François Hollande. Ce dernier donne des signes de ‘reviens-y''‘, alors que Le Courrier Picard, ‘‘son quinquennat s'apparente à un chemin de croix dont on peine à imaginer une issue glorieuse'‘. La Voix du Nord a estimé pour sa part que ‘‘tant que cette courbe (du chômage) ne s'inversera pas pour de bon, le ‘oui ça va mieux' du président hier soir restera inaudible et sa candidature improbable sinon impossible'‘.