Aux cris de liberté des Algériens qui se sont élevés dans une marche pacifique un certain 8 mai 1945, à Sétif, la France coloniale a recouru aux fosses communes pour dissimuler son génocide pensant à tort que les convictions d'un peuple en quête de liberté peuvent être altérées. Soixante treize ans après les faits, cet épisode sanglant reste gravé dans la mémoire collective et les fosses communes demeurent un thème sur lequel universitaires et historiens se sont penchés pour "déterrer" des victimes exécutées et enterrées sommairement. Des moudjahidine et des témoins de ces faits relatent toujours cette ambiance d'apocalypse que la France coloniale avait réservée à des milliers et des milliers d'Algériens qui rêvaient de liberté. Pour l'historien Gilles Manceron, rencontré samedi dernier à l'université de Sétif en marge d'un séminaire sur "les massacres coloniaux", le nombre des fosses communes conséquentes aux massacres commis par l'armée coloniale et les milices civiles françaises durant les mois ayant suivi l'insurrection du 8 mai 1945 est "difficile à déterminer". "Les fosses de Kherata, de Chaabet Laakhra, de Melbou et du littoral voisin et de la carrière de Héliopolis témoignent de cette pratique macabre qui a été reproduite par le colonisateur français durant la Guerre de libération de l'Algérie", souligne cet historien qui relève que "la propagande française s'était alors évertuée à inventer des prétextes pour ces atrocités commises par des colons assassins''. Ces évènements du 8 mai 1945 qui avaient débuté avec des manifestations pacifiques avant de se terminer par des fosses communes, imprimèrent dans la conscience des Algériens la conviction que le colonisateur qui a occupé le pays par la force devait en sortir par la force, constituant ainsi l'étincelle de la Guerre de libération.