L'Algérie a plaidé à l'ONU pour une approche globale pour contrer les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, relevant que ce phénomène appelait à davantage d'attention et d'action de la part de la communauté internationale. Lors d'un débat publique organisé par le Conseil de sécurité sur le lien de plus en plus complexe entre terrorisme et criminalité transnationale organisée, l'ambassadeur adjoint de l'Algérie auprès de l'ONU, Mohammed Bessedik, a affirmé qu'il était "urgent de comprendre et de cerner les liens en évolution" entre ces deux fléaux . Malgré les pertes territoriales et l'assèchement des financements d'al Qaida et l'organisation autoproclamée "Etat Islamique", ces groupes terroristes font preuve aujourd'hui d'une grande capacité d'adaptation, recourant à de nouvelles méthodes de financement pour diversifier leurs sources de revenus, a-t-il noté. En Afrique et ailleurs dans le monde, ces groupes extrémistes parviennent à mobiliser des financements via diverses activités criminelles comme le trafic des personnes, le trafic de drogue, l'exploitation illégale des ressources naturelles, l'extorsion, l'enlèvement contre rançon et le blanchiment d'argent. "Nous devons mobiliser nos efforts communs pour développer et déployer un ensemble d'outils permettant de perturber ces réseaux en expansion et tarir leurs sources de financement", a-t-il plaidé. L'échange d'informations et de renseignements, l'amélioration des capacités des systèmes judiciaires nationaux et le partage de technologies entre Etats doivent constituer une priorité essentielle en vue de s'attaquer à ces fléaux, a ajouté M. Bessedik. --Sécuriser les frontières : un droit souverain-- Le diplomate algérien a souligné l'importance pour les Etats membres de l'ONU d'investir dans des technologies efficaces de contrôle et de surveillance des frontières, notamment par l'introduction de documents d'identité biométriques. Il a réaffirmé, à ce titre, "le droit souverain" des Etats de sécuriser leurs frontières conformément au droit international, précisant que "la coopération entre Etats à cet égard ne peut être réalisée que par une approche cohérente et coordonnée respectant les principes fondamentaux d'égalité souveraine, d'indépendance politique, d'intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat". L'ambassadeur adjoint a estimé que les entités de l'ONU chargées de la lutte contre le terrorisme, en particulier la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime ont un rôle important à jouer dans l'identification des menaces et le renforcement des capacités à la demande des Etats, tout en gardant à l'esprit que chaque région à ses propres spécificités. --L'approche globale au cœur de la stratégie algérienne-- Pour l'Algérie, a poursuivi le représentant, l'approche globale qui s'attaque aux liens entre le terrorisme et le crime organisé demeure un élément central de sa stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, citant en cela l'adaptation du cadre juridique relatif à la lutte contre le blanchiment d'argent, la pénalisation du financement du terrorisme et les meures sur le gel des avoirs conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et les normes du Groupe d'action financière (GAFI). Au niveau régional, l'Algérie est pleinement attachée à la coopération dans la lutte contre la déstabilisation provoquée par les groupes de la criminalité organisée dans la région du Sahel. En accord avec les pays du Sahel, l'Algérie a toujours préconisé une approche axée sur une action ciblée et efficace, fondée sur l'appropriation nationale, visant à lutter contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, a relevé M. Bessedik. Il a expliqué que le grand déploiement militaire aux frontières du pays fait partie des efforts déployés par l'Algérie pour assurer non seulement la sécurité nationale mais aussi celle des pays voisins. En parallèle, Afripol et le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT), basés à Alger, continuent de jouer un rôle important dans le renforcement des capacités de l'Afrique en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, a déclaré l'ambassadeur adjoint qui a réaffirmé l'engagement ferme de l'Algérie de poursuivre sa contribution à l'effort collectif visant à endiguer la criminalité transnationale et le crime organisé. Le diplomate a rappelé dans son intervention le rapport sur la menace et les tendances du terrorisme en Afrique, présenté par l'Algérie au trente-deuxième Sommet de l'Union africaine en février. Le rapport notait que l'interconnexion entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée en Afrique a atteint un rythme alarmant. Depuis 2001 et l'adoption de sa résolution 1373, le Conseil de sécurité reconnaît l'interdépendance entre terrorisme international et criminalité transnationale organisée, un lien qui avait déjà été consacré l'année précédente à Madrid, lors de l'adoption de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.