Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé mardi la démission de son gouvernement, au 13e jour d'une contestation populaire inédite au Liban réclamant le départ de l'ensemble de la classe politique. M. Hariri, 49 ans, a indiqué qu'il allait se rendre au palais présidentiel de Baabda pour présenter cette démission au chef de l'Etat Michel Aoun, décidée "face à la volonté de nombreux Libanais qui sont descendus dans la rue pour réclamer le changement". Lors d'une très brève allocution télévisée, il a appelé "tous les Libanais à privilégier l'intérêt du Liban (...) à protéger la paix civile et à prévenir toute détérioration de la situation économique". Son intervention a été accueillie par les vivats de la foule qui l'écoutait en direct sur plusieurs lieux de rassemblement, avant que ne retentisse l'hymne national libanais repris par les manifestants. Après une révolte populaire inédite dans l'histoire du pays, et la démission du gouvernement de Hariri, les manifestants ont ainsi obtenu gain de cause sur une de leur principale revendication. Mais leur colère vise plus globalement l'ensemble de la classe politique jugée "incompétente" et "corrompue". Les manifestants avaient réussi dimanche une démonstration inédite de force et d'unité en formant une chaîne humaine du nord au sud du pays, sur 170 km de long. La presse y a vu le symbole d'une mobilisation sans précédent, par son ampleur et son harmonie, dans l'histoire du Liban. Durant tout le soulèvement, les manifestants ont privilégié les mêmes slogans: "Révolution, révolution!, ou "Le peuple veut la chute du régime". L'actuel gouvernement est le troisième dirigé par M. Hariri à tomber, depuis son accession au pouvoir en 2009.