Le Directeur des services de santé au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Pr. Mohamed El Hadj a affirmé que l'optimisation de la radiothérapie et la longueur des délais des rendez-vous pour certains types de cancer seront définitivement réglés après l'introduction de la numérisation. Dans un entretien accordé à l'APS à la veille de la célébration de la Journée mondiale contre le cancer (4 février), le responsable a indiqué que la longueur des délais des rendez-vous de radiothérapie "concernent uniquement le cancer du sein", vu le grand nombre des personnes atteintes qui frôle les 13.000 nouveaux cas/an. Ces délais longs sont dus, entre autres, aux pannes des accélérateurs, a fait savoir le responsable, précisant que la réparation des pannes ne relève pas des prérogatives du ministère mais plutôt des directeurs des EHS spécialisés dans la lutte contre le cancer, et ce conformément au cahier des charges qui astreint les laboratoires fournisseurs de ces accélérateurs à "assurer la maintenance et les pièces de rechange". "Outre le non-respect par les laboratoires étrangers du cahier des charges", la longueur des délais des rendez-vous est due au fait que le malade procède à l'inscription dans plusieurs centres pour s'assurer le rendez-vous le plus proche. Actuellement, 41 accélérateurs sont exploités à travers le pays dans le secteur public qui devrait être prochainement doté de 18 autres outre les six accélérateurs dont dispose le secteur privé. Pour sa part, le chef de service de radiothérapie à l'EHU de Constantine, Pr Aicha Djomaa Bendjedda a déploré la longueur des délais des rendez-vous, en dépit du fait que les centres aient été dotés d'accélérateurs ces dernières années. "Des accélérateurs coûteux" sont importés sans cahier de charge pour garantir la formation, la maintenance et les pièces de rechange", ce qui réduit l'exploitation de ces accélérateurs qui enregistrent des pannes de temps à autre. Pour le Pr Bendjedda, la longueur des rendez-vous à l'EHU de Constantine remonte à 2012, année où l'hôpital subissait une forte pression en raison de l'absence de la maintenance et certaines procédures administratives, notamment celles inhérentes à la durée nécessaire pour l'acquisition de pièces de rechange (7 à 8 mois), ce qui entrave la poursuite des soins et impacte négativement la santé du patient. Le chef de service de radiothérapie au Centre anti-cancer (CAC) dans la wilaya de Sétif, Pr Khadidja Boudaoud a indiqué, pour sa part, que le centre a ouvert ses portes en 2014, époque à laquelle la crise des soins a atteint "son apogée" à travers le territoire, érigeant même le CAC, depuis, en un centre fournissant des prestations aux patients au niveau national (2.000 patients annuellement). Les rendez-vous pour la radiothérapie concernant le cancer du sein au centre de Sétif oscillent, selon la spécialiste, de 3.5 à 4 mois, une durée qu'elle juge " acceptable", tandis que la période peut aller jusqu'à 3 mois pour les autres types de cancer, déplorant toutefois la panne affectant ces équipements et la durée prise dans l'acquisition des pièces de rechange en raison des procédures administratives. La même spécialiste a, d'autre part, révélé qu'en raison du grand nombre des patients, "la durée nécessaire à une séance de radiothérapie se voit raccourcie à seulement 10 minutes, au lieu de 20 minutes, rendant ce soin totalement inefficace", a-t-elle déploré. Concernant les centres de radiothérapie relevant du secteur privé, le chargé du suivi et de l'évaluation du Plan national de lutte contre le cancer 2015/2019, Pr. Messaoud Zitouni s'est dit consterné " par le non-remboursement par les caisses de la Sécurité sociale des séances très coûteuses de radiothérapie, à l'instar de ce qui se fait dans le cadre des conventions avec certains établissements d'une part et de l'allègement de la pression sur les établissements publics, d'autre part".