Le président de la commission chaussure affiliée à l'Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA), Mustapha Benamar a annoncé, lundi à Alger, le recensement de plus de 3500 ateliers de fabrication de chaussures à l'échelle nationale, dont 80% ont dû fermer pour faillite, en raison d'entraves bureaucratiques, de manque de financement ou de la concurrence des produits importés. Lors d'une conférence de presse organisée par l'ANCA sous le thème "le marché de la chaussure entre l'importation et les défis de la production", M. Benamar a indiqué que le nombre d'ateliers de fabrication de chaussures recensés oscille entre 3500 et 4000 ateliers à l'échelle nationale, précisant que 800 voire 900 ateliers seulement sont opérationnels, au moment où les autres ont fait faillite en raison du manque de financement ou des taxes elevées appliquées sur la matière première. La capacité de production nationale de chaussures est estimée à près de 120 millions de paires par an, avec la possibilité de créer 500.000 postes d'emploi direct et indirect, a-t-il fait savoir, notant que la plupart des ateliers ont déclaré faillite en raison de la bureaucratie et de la concurrence des produits importés qui bénéficient de privilèges douaniers et fiscaux supérieurs à ceux accordés à l'importation de la matière première exploitée dans la production locale de chaussure. Citant quelques pays qui disposent de capacités de production inférieures à celles de l'Algérie, à l'instar de la France qui compte 80 producteurs de chaussures, le Portugal (85 producteurs), l'Espagne (110) et l'Italie (150), M. Benamar a souligné que l'industrie locale des chaussures, qui peut répondre aux besoins du marché national à des prix concurrentiels avec une qualité supérieure, peut s'orienter vers l'exportation "à condition de bénéficier d'un financement suffisant des banques, d'une révision des taxes et des impôts imposés et d'une augmentation des impôts sur les chaussures importées pour protéger le produit national". Entre autres propositions, il a cité la création d'une banque pour le financement des PME, indiquant que les banques actuelles proposent des crédits uniquement pour le financement du matériel, alors que la principale problématique qui se pose pour les producteurs de chaussures réside dans l'obtention de crédits pour l'acquisition des matières premières. Le responsable a cité à titre d'exemple les impôts sur les matières premières qui oscillent entre 500 et 600 da pour chaque paire de chaussures de fabrication locale, alors que certains opérateurs peuvent, à ce prix, importer une paire de chaussure pour sa mise en vente directe, ajoutant que "les ateliers réalisés et les investissements engagés en 40 ans ont été mis à rude épreuve en une année d'importation". De son côté, le président de l'ANCA, Hadj Tahar Bougeoir, a indiqué que les besoins du marché national en chaussures avoisinaient les 70 millions de paires par an pour un montant de 150 milliards de dinars, ajoutant que 95% des chaussures commercialisées provenaient de l'importation anarchique. L'ANCA prépare une plateforme de propositions qu'elle compte soumettre, les prochaines semaines, aux ministères de l'Industrie et du Commerce en vue de relancer l'industrie locale de la chaussure et de créer jusqu'à 120.000 emplois, a fait savoir M. Bougeoir qui a souligné la nécessité de "réunir les conditions d'un véritable essor de l'industrie locale", d'autant que "la qualité de la chaussure algérienne est reconnue mondialement", a-t-il dit. Parmi les principales propositions, le président de l'ANCA a cité la création, à travers le territoire national, de trois (3) zones industrielles spécialisées dans la fabrication de chaussures, la transformation des produits destinés à cette industrie (coton, textile et plastique), l'organisation d'expositions pour promouvoir la chaussure algérienne, la création d'une banque pour le financement des fabricants locaux et l'augmentation des taxes sur les produits importés