Ils demandent que la chaussure soit insérée dans la liste des produits interdits d'importation. Ils étaient il y a quelques années près de 6 500 producteurs de chaussures au niveau national. Ils ne sont plus actuellement que 3 500 en activité et si la concurrence déloyale à laquelle ils font face perdure, des centaines de patrons d'ateliers et non des moindres, puisque employant en moyenne une cinquantaine d'ouvriers qualifiés n'auront d'autre choix que de cesser toute activité. Pour éviter ce scénario, la Commission nationale des producteurs de chaussures, relevant de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), demande au ministère du Commerce d'insérer dans la liste des produits interdits d'importation en vigueur depuis le 1er janvier dernier, les chaussures. C'est le président de l'Anca,Hadj Tahar Boulenouar, qui l'a annoncé, en présence des membres de cette commission car lui-même ancien et grand patron d'usine de fabrication de chaussures, lors d'un point de presse organisé en son siège à Alger. Une requête qui a tout l'air d'un «SOS» si l'on en croit les dires de ces professionnels de la chaussure. Ces derniers affirment que leurs chiffres d'affaires ne cessent de régresser «et si on continue de travailler, c'est par amour du métier et surtout par souci de maintenir en poste nos employés qui, pour la plupart, ont plus de 20 ans d'ancienneté et qui plus est, sont tous des pères de famille», nous a indiqué le patron de l'une des plus anciennes fabriques de chaussures sise la ville de Tlemcen. Un autre à la tête d'une grande fabrique créée par ses aïeux considère que leur requête est légitime. Et pour cause: «Le ministre du Commerce avait expliqué que la mesure d'interdire l'importation de 850 produits, tirait sa raison d'être dans le fait de protéger la production nationale. Et donc, notre activité doit être incluse dans cette liste», a lancé ce dernier. Une requête qui pourrait connaître de la part de la tutelle, une fin de non-recevoir dans la mesure où les dernières statistiques révèlent que les besoins du marché en chaussures sont estimés entre 70 et 80 millions de paires puisque le pays compte plus de 40 millions de personnes et chacune achète au moins deux paires de chaussures par an sachant que la production nationale ne pourrait satisfaire la demande. Une hypothèse qu'ont rejetée à l'unanimité les membres de la commission. «Nous sommes 3 500 fabricants de chaussures qui produisent chacun 1 200 paires par jour et dont un simple calcul d'épicier nous permettra d'avancer que nous sommes capables de satisfaire la demande», ont-ils soutenu. Autre solution préconisée par ces derniers, pour rester en activité si le ministère venait à ne pas répondre favorablement à leur demande d'introduire la chaussure dans la liste des produits interdits d'importation, celle de mieux contrôler les arrivages de chaussures et de n'autoriser l'entrée sur le territoire national que de celles répondant à un cahier des charges fixes. Ce document est fin prêt puisqu'il a été présenté à la presse. Des membres de cette commission se disent d'ailleurs étonnés de laisser des importateurs ramener des chaussures qui non seulement, sont de mauvaise qualité mais peuvent causer de graves problèmes de peau à leurs utilisateurs, tant la matière utilisée est des plus douteuses. Le président de l'Anca a de son côté déploré que le secteur de l'industrie de la chaussure soit arrivé à un tel niveau de «déchéance». Comme il a tenu à féliciter l'ensemble de la famille des fabricants de chaussures qui continuent à mener leurs activités en dépit de la féroce concurrence qui leur est imposée. «C'est d'ailleurs tout à fait regrettable, au vu de l'expérience acquise dans le domaine par les fabricants. En témoigne le niveau de qualité atteint.» Boulenouar a, par ailleurs, avancé: «Il est triste de constater qu'un tel secteur soit à l'agonie.» Et pourtant, le pays dispose de potentialités non négligeables. En effet, la matière première est plus que disponible. On estime la production de peaux issues de l'abattage d'ovins, de bovins, de caprins et de camelins, à plus de 10 millions de pièces.Une plus-value qui ne demande qu'à être mise à profit, dès lors que le cuir algérien est très demandé à l'international. Notons enfin que les membres de la commission ont reconnu qu'ils manquaient d'agressivité marketing pour faire connaître leur production. Une carence qu'ils comptent combler lors de l'organisation le 20 octobre dernier d'un salon entièrement dédié à l'industrie nationale de la chaussure et de la maroquinerie, et où seront présents tous les acteurs de ces deux secteurs. Et cela, dans le but de faire connaître au grand public toute la gamme de production et de son haut niveau de qualité.