Les opérateurs nationaux souhaitent que les importations soient suspendues au moins pendant deux ans, afin qu'ils puissent s'organiser et se préparer à doubler leur production et répondre à la demande nationale. L'Association nationale des commerçants et artisans (Anca) demande au ministre du Commerce d'insérer la chaussure sur la liste des 851 produits interdits à l'importation. C'est la revendication principale des fabricants de chaussures qui n'arrivent plus à faire face à la concurrence déloyale imposée par les importateurs. Devant le diktat de ces derniers, plus de 3 000 ateliers de fabrication de souliers ont mis la clé sous le paillasson, ces dernières années. Les lobbies de l'import qui détiennent plus de 90% des parts de ce marché, exercent un véritable monopole sur ce créneau. Pourtant, la politique économique prônée par le gouvernement vise la réduction des importations et favorise le soutien de la production nationale. Le ministère du Commerce devrait être dans son rôle pour mettre en œuvre une telle stratégie. Mais le département de M. Benmeradi semble ne pas avoir les coudées franches, du moins pour le moment, pour contrecarrer les barons de la chaussure made in "Outre-mer". Cela n'a pas empêché les quelque 3 500 usines à continuer, cahin-caha, à exercer ce métier. Ces opérateurs souhaitent, toutefois, que les importations soient suspendues au moins pendant deux ans pour qu'ils puissent s'organiser et se préparer à doubler leur production et répondre à la demande nationale. Pour eux, cette mesure est réalisable d'autant plus qu'un stock suffisant de trois ans a été constitué. Ces usines sont en mesure, estiment les membres de la commission des fabricants de chaussures, affiliée à l'Anca, de couvrir les besoins nationaux. Ils peuvent, selon eux, assurer une production de 90 millions de paires/an, alors que la consommation annuelle des Algériens ne dépasse pas les 70 millions de paires. Pour cela, ils sollicitent la tutelle pour qu'elle instaure un "cahier des charges auquel doivent souscrire les importateurs". Avec ce document, arguent-ils, l'on "exigera de ces derniers l'introduction sur le marché local des chaussures de qualité". L'autre proposition faite, hier, au cours d'une conférence de presse, a trait à la mise en place d'un dispositif de contrôle aux frontières qui déterminera la bonne ou la mauvaise qualité du cuir utilisé pour le produit fini ou importé en tant que matière première. Ces producteurs veulent également une régulation plus efficiente du marché car, arguent-ils, des quantités non négligeables de cuir et de chaussures accèdent de manière frauduleuse aux marchés des pays voisins et autres par le biais de la contrebande. Autant de recettes fiscales qui échappent au contrôle fiscal. Outre les contraintes bureaucratiques, les lenteurs au sein des banques et des douanes, les fabricants de chaussures sont confrontés aussi au problème de disponibilité de matière première, à savoir le cuir. Sur les 20 millions de têtes d'animaux abattus chaque année, les quantités de peaux récupérées sont évaluées à 20% seulement. Toutes ces difficultés évoquées par les producteurs seront certainement abordées entre les différents acteurs intervenant dans cette activité à l'occasion de la tenue du 1er Salon de la chaussure et des produits du cuir, prévu le 20 octobre prochain au Palais des Expositions des Pins-Maritimes d'Alger. B. K.