Cinquante-huit ans après l'indépendance de l'Algérie, certaines parties en France ont toujours la colonisation en "mauvaise mémoire", compte tenu des réactions négatives, pavloviennes et électoralistes de l'extrême-droite et de la droite, relève Noureddine Khelassi, Conseiller du ministre de la Communication, dans une contribution parue au quotidien Le Soir d'Algérie. "Cinquante-huit ans après l'indépendance, on constate donc qu'une certaine France a toujours la colonisation en mauvaise mémoire. On le note régulièrement à la faveur des réactions négatives, pavloviennes et électoralistes de l'extrême-droite et de la droite à l'approche d'échéances électorales. Ou lorsque des chefs de l'Etat français tels Emanuel Macron ou François Hollande sont les auteurs de déclarations qui constituent des avancées même relatives en matière de reconnaissance du crime colonial", a souligné M. Khelassi, dont la contribution est reprise également par des sites électroniques. Il s'agit de "demi-pas, des semi-reconnaissances, des actes courageux mais prudents qui semblent dire que leurs auteurs redoutent d'inscrire la déploration et le confiteor dans la conscience du pays", a-t-il noté, relevant que "la bonne conscience coloniale est toujours active". En ce sens, il a rappelé tout au long de sa contribution les "interminables crimes" contre l'humanité qui attestent du caractère systématique de l'entreprise exterminatrice que fut la colonisation, contredisant ainsi les "nostalgiques de l'Algérie française" qui veulent faire croire qu"en 1830, l'Algérie c'était rien du tout". Ces nostalgiques et colonialistes veulent en fait "ignorer le passé criminel, à la limite du génocide perpétuel, de la France coloniale, fait de massacres à grande échelle, enfumades, emmurement, éventrement, bombardement au napalm, exterminations, méfaits des essais nucléaires, viols, famine organisée, déportations, emprisonnement, chasse à l'homme, +crevettes Bigeard+ (corps jetés en mer à partir d'hélicoptères), torture systématique, guillotinage, dépossessions, etc". Il cite à ce propos "une journaliste politique d'une télévision française, raciste et suprématiste, certainement nostalgique de la colonisation et surtout négationniste, qui a déclare que +la France a colonisé l'Algérie pour mettre fin à la piraterie barbaresque et à l'esclavage en Méditerranée pratiquée à l'époque par les Musulmans+". Citant cette "folliculaire, qui devait avoir en mémoire la loi scélérate de 2005 glorifiant la colonisation", il a relevé "qu'elle a ajouté, avec aplomb, qu'en 1830, l'Algérie c'était rien du tout, la France a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, Emanuel Macron faudra bien qu'il tienne un peu beaucoup ce discours plutôt que d'être dans l'auto-flagellation et la repentance, un chemin qu'avait emprunté Jacques Chirac et François Hollande". Selon M. Khelassi, l'oppression du peuple algérien ne cessa pas après la période de la conquête et se perpétua sous d'autres formes, notamment par une politique d'ethnocide passant par la destruction de l'identité culturelle et des marqueurs civilisationnels du peuple algérien. Il s'agit de la mise en place d'une politique d'effacement culturel visant à faire disparaître l'ensemble des caractères sociaux et culturels de la population "indigène" en s'attaquant prioritairement à l'islam et à la langue arabe qui fut déclarée langue étrangère dans son propre pays. Les structures d'enseignement d'avant la colonisation, les mosquées et autres lieux de culte musulmans, furent largement détruits. Selon M. Khelassi, la répression française fut, durant la Révolution (1954-1962), une suite de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Aujourd'hui, beaucoup de plaies sont "mal cicatrisées", l'Algérie étant restée très présente en France où ce sont quelque dix millions de personnes qui entretiennent un rapport d'intensité inégale mais constamment connectées à la guerre de Libération et à l'Algérie indépendante, a relevé Khelassi, estimant que "si le temps a favorisé plus ou moins l'apaisement, la bonne conscience coloniale, voire même colonialiste n'a pas pour autant été effacée". Il a fait observer qu'"il n'y a jamais eu en France de mémoire nationale de la Guerre d'Algérie", soulignant que "ce conflit fut longtemps un non-dit et un non-lieu, jusqu'à ce que l'Etat français consente, en 1999, à le nommer bien tardivement +une guerre+", rappelant que ce fut à l'initiative de parlementaires, généralement de gauche, qui récusaient le "devoir de mémoire", en appelant d'abord à la lucidité et à ce que l'historien Jean Rioux a nommé le "devoir d'intelligence"