Amnesty international a appelé, mardi, à la libération "sans condition" de l'historien et militant des droits de l'Homme marocain Maati Monjib détenu depuis fin décembre, dénonçant une campagne pour restreindre le droit à la liberté d'expression. "Les autorités marocaines doivent libérer immédiatement et sans condition le défenseur des droits humains Maati Monjib et abandonner toutes les accusations portées contre lui, y compris celles qui découlent d'un précédent procès en cours depuis 2015, en relation avec son travail sur la liberté d'expression", indique l'ONG dans un communiqué rendu public. Amnesty International estime que "les accusations portées contre lui sont liées à des activités protégées par le droit à la liberté d'association qui ne justifient ni poursuites ni placement en détention". "Depuis qu'il a donné une interview à un média de premier plan dans laquelle il critiquait les services de renseignement marocains qui répriment les opposants politiques, Maati Monjib a subi le harcèlement de la police et subit aujourd'hui un procès pour l'exemple", a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International. Il s'agit, selon Amensty, "du dernier volet de la campagne menée par le gouvernement (marocain) pour restreindre son droit à la liberté d'expression et le persécuter afin de le réduire au silence". "Nous leur demandons de mettre un terme immédiat et définitif aux actes de harcèlement et d'intimidation visant ce courageux défenseur des droits humains en abandonnant toutes les charges retenues contre lui et en ouvrant une enquête solide, indépendante et transparente sur la surveillance numérique illégale dont il fait l'objet depuis des années". Souvent critique à l'égard des violations des droits humains imputables au gouvernement marocain, l'universitaire Maati Monjib, arrêté le 29 décembre dernier, avait déjà fait l'objet d'accusations forgées de toutes pièces et de poursuites en 2015 en lien avec la perception de fonds étrangers destinés à financer des sessions de formation au profit des journalistes, selon la même source. Le 7 octobre 2020, le parquet du tribunal de première instance de Rabat a ouvert une nouvelle enquête sur Maati Monjib pour présomption de détournement de fonds et de blanchiment de capitaux. "Nous engageons les autorités marocaines à cesser d'utiliser la loi pénale ou les réglementations administratives sur la réception de fonds étrangers comme moyens de cibler les associations indépendantes qui défendent les droits humains ou les journalistes, et à faire en sorte que les organisations de la société civile puissent travailler dans un environnement sûr et favorable", a déclaré Amna Guellali. L'autre chef d'accusation, "exercice d'une activité non précisée dans les statuts" de l'association, n'est pas reconnu comme une infraction par le droit international. La prochaine audience devant un juge d'instruction est fixée au 27 janvier. Ses avocats se sont vus refuser d'avoir une copie du dossier, ce qui constitue une violation des normes internationales relatives au procès équitable, a dénoncé l'ONG dans le communiqué. L'arrestation de Maati Monjib intervient alors que le bilan en termes de droits humains du Maroc continue de se détériorer, le gouvernement ayant poursuivi en justice des dizaines de personnes au cours des deux dernières années, dont des journalistes, des YouTubeurs, des artistes et des militants.