La condamnation de l'historien et défenseur des droits de l'Homme, Maâti Monjib, à un an de prison ferme est un "carnage judiciaire" et représente une aggravation supplémentaire de la répression au Maroc, a estimé le journaliste et écrivain marocain Omar Brouksy. "C'est un simulacre de justice, une mascarade, c'est une énième mascarade de la justice marocaine, c'est un carnage judiciaire", s'est indigné le journaliste Omar Brouksy, dans une déclaration au site belge RTBF. Pour le journaliste qui est aussi auteur d'ouvrages politiques critiques du pouvoir marocain, cette condamnation met en cause une "justice au garde-à-vous" et "représenterait une aggravation supplémentaire de la répression". Néanmoins ce sont les circonstances dans lesquelles Maâti Monjib a été condamné qui posent question. Poursuivi depuis 2015, Monjib était soupçonné de malversations et d'atteinte à la sécurité de l'Etat marocain. L'historien a toujours rejeté ces accusations, qui avaient, selon lui, pour but de l'intimider. Fin décembre, il avait été arrêté pour une nouvelle prévention de fraude. Après plusieurs renvois d'audiences, son procès s'est finalement ouvert, mais en son absence et en l'absence de ses avocats, qui affirment avoir découvert la condamnation sur le site du ministère de la justice le lendemain. "Le fait que des juges qui n'ont aucune conscience professionnelle, puissent condamner quelqu'un qui n'est même pas présent, avec rien dans le dossier, pas d'avocats qu'est ce que ça veut dire? Cela veut dire que le vrai problème est dans la justice", a-t-il dénoncé, expliquant que tous les juges sont nommés par le roi Mohamed VI et que le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le roi. "Il n'y a pas de séparation des pouvoirs. C'est un vrai problème de régime, un problème de système politique", a regretté Omar Brouksy. "C'est du jamais vu (...) c'est véritablement un retour aux années de plomb", a-t-il ajouté. Exilé en France sous le règne de Hassan II, l'historien de 60 ans, souvent qualifié de bête noire des autorités marocaines pour ses ouvrages critiques à propos du pouvoir et de la monarchie, Maâti Monjib est revenu au Maroc mais n'avait pas abandonné son analyse critique. Il avait été, selon les ONG, harcelé et mis sur écoute. Il a été interdit d'enseigner depuis 2015. Après des années de poursuite l'historien a été condamné avec six autres journalistes et militants des droits humains par le tribunal de Rabat, mercredi dernier. Plusieurs ONG internationales et marocaines sont montées au créneau suite à cette condamnation. Amnesty international avait appelé, à la libération "sans condition" de Maati Mondjib dénonçant une campagne pour restreindre le droit à la liberté d'expression dans le royaume.