Le président de l'Espace marocain des droits de l'Homme, Mohamed Nouini, a indiqué que la situation des droits de l'Homme au Maroc était "pire qu'elle ne l'était durant les années de plomb". Le terme "années de plomb" au Maroc fait référence à une période de l'histoire du royaume chérifien qui s'est étendue des années 1970 jusqu'à 1999, marquée par une violence et une répression contre les opposants politiques et activistes démocrates, victimes entre autres, de disparition forcée et de torture. Pour étayer ses propos, l'activiste marocain a notamment évoqué les pratiques du régime du Makhzen à travers les arrestations des journalistes, blogueurs, militants des droits de l'Homme, politiciens et militants du mouvement du 20-Février. Dans ce contexte, il a fait savoir que les statistiques officielles font état de l'arrestation de plus de 100.000 personnes, poursuivies pour "violation de l'état d'urgence sanitaire, indépendamment des autres chefs d'inculpation liés à d'autres affaires". Cette tendance, poursuit Mohamed Nouini, renseigne sur "un retour en force de l'autoritarisme". Concernant l'envolée des prix que la régime marocain a justifié par le conflit en Ukraine, le président de l'Espace marocain des droits de l'Homme a précisé que "la hausse des prix du carburant et des produits alimentaires a commencé bien avant le début dudit conflit et de la pandémie de Covid-19". A cet égard, il a déploré le fait que la crise au Maroc soit avant tout "une crise de volonté politique de lutter contre l'économie de rente et l'impunité". Mohamed Nouini a souligné que cette situation était "inacceptable", relevant que des défenseurs des droits de l'Homme et des militants politiques essayaient autant que possible de "trouver une solution" et remédier à la montée de l'autoritarisme. Selon lui, le "manque de soutien" aux organisations de la société civile, comme les organisations syndicales, partis politiques et associations a aggravé la situation, mettant en cause "l'absence de conditions favorables pour faire de la politique et exercer le droit syndical au Maroc".