Le 30 août, le monde commémore la Journée internationale des victimes de disparition forcée, proclamée par l'Assemblée générale des Nations unies en 2010, un phénomène qui ne cesse de se multiplier à travers la planète et qui est juridiquement considéré comme "un crime contre l'humanité". Le 21 décembre 2010, l'Assemblée générale de l'ONU, dans sa résolution A/RES/65/209, s'est dit profondément préoccupée par la multiplication des disparitions forcées ou involontaires dans diverses régions du monde, y compris des arrestations, détentions et enlèvements lorsque ces actes s'inscrivent dans le cadre de disparitions forcées ou peuvent y être assimilés. Dans la même résolution, l'Assemblée a décidé de proclamer le 30 août Journée internationale des victimes de disparition forcée. Cette journée est célébrée depuis 2011. Les disparitions forcées font souvent partie d'une stratégie pour faire régner la terreur. Le sentiment d'insécurité résultant de cette pratique touche non seulement les proches de la personne disparue mais aussi leur communauté et l'ensemble de la société. Alors qu'elles étaient très répandues au sein des dictatures militaires, ces effroyables pratiques sont aujourd'hui perpétrées dans de complexes situations de conflit interne, en particulier en tant que moyen de répression des opposants politiques. Et c'est ainsi que les gouvernements doivent mettre un terme aux disparitions forcées, demander des comptes aux responsables, révéler l'endroit où se trouvent les êtres chers disparus ou le sort qui leur a été réservé, et respecter les droits humains et les libertés fondamentales de toutes et tous. La disparition forcée, une pratique très répandue au Maroc Mardi, le monde commémore la Journée internationale des victimes de disparition forcée alors que des centaines de milliers de personnes, selon l'ONU, ont disparu lors de conflits ou de périodes de répression dans au moins 85 pays à travers le globe. Le royaume du Maroc figure parmi les pays qui continuent de pratiquer, en toute impunité, cette forme de torture dans le cadre de la politique de répression du régime du Makhzen. Et ce sont les opposants politiques et activistes marocains qui sont souvent visés par la disparition forcée. D'ailleurs, cette question a été récemment évoquée après la mort de l'un des plus hauts responsables des centres de rétention secrets destinés à la torture au Maroc, Kaddour Al-Youssoufi. Le Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc a souligné, à cette occasion, dans un communiqué intitulé "N'oublions pas les victimes des violations flagrantes des droits de l'Homme au Maroc", que Kaddour Al-Youssoufi a supervisé les interrogatoires et la torture de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants appartenant aux mouvements militants les plus en vue au Maroc. Le Comité a estimé que la mort d'Al-Youssoufi, sans connaître la vérité, tenir les tortionnaires pour responsables et préserver la mémoire, "prouve que le dossier des graves violations des droits de l'Homme est toujours d'actualité, notamment celui des disparus dont le sort n'est pas connu et des victimes de disparition forcée au Maroc". Les révélations de ce Comité viennent confirmer les propos du président de l'Espace marocain des droits de l'Homme, Mohamed Nouini, selon lesquels la situation des droits de l'Homme au Maroc est "pire qu'elle ne l'était durant les années de plomb", en référence à une période de l'histoire du royaume chérifien qui s'est étendue des années 1970 jusqu'à 1999, marquée par une violence et une répression contre les opposants politiques et activistes démocrates, victimes entre autres, de disparition forcée et de torture. Et tout récemment encore, le Comité des Nations unies chargé des disparitions forcées a enregistré et adopté le premier cas de Soudanais disparus qui n'ont pas été retrouvés après la tragédie du "Vendredi noir", jour où des migrants africains ont été soumis aux traitements les plus horribles de la part des forces de sécurité marocaines alors qu'ils tentaient de franchir la barrière frontalière entre la ville marocaine de Nador et l'enclave espagnole de Melilla. L'Association marocaine des droits de l'Homme (antenne de Nador), qui suit le dossier des migrants africains disparus suite à la tragédie du 24 juin dernier, au cours de laquelle au moins 23 d'entre eux ont été tués par la police marocaine, a déclaré, la semaine passée, qu'"après de grands efforts, enfin, le Comité des Nations unies en charge des disparitions forcées a enregistré et adopté le premier dossier en ce qui concerne les disparus soudanais, qui n'ont pas été revus après le drame du vendredi 24 juin". Selon la même association, "il est lié au jeune Soudanais Mazen Dafallah Gallo, au sujet duquel la Commission des disparitions forcées a écrit aux autorités marocaines". Elle a souligné que le travail "devrait se poursuivre au niveau local, national et avec les mécanismes internationaux pour savoir où se trouvent tous les disparus, qu'ils soient vivants ou morts, et pour identifier les causes et les circonstances de leur disparition".