Le gouvernement marocain compte mettre en place prochainement un plan de lutte contre la corruption 2010-2012, phénomène qui touche particulièrement l'administration, considérée comme un des foyers officiels du bakchich, apprend-on mardi à Rabat. En effet, les résultats livrés par le baromètre mondial 2009 de l'ONG transparency Maroc sont sans appel pour le Royaume: fonction publique, justice, partis politiques, police et santé sont extrêmement corrompus et arrivent en tête des secteurs à qui les ménages payent le plus de pots-de-vin. Ce phénomène souterrain, secret et triangulaire (corrupteur, corrompu et intermédiaire) fait, indique-t-on, des ravages dans les 800.000 fonctionnaires que compte l'administration publique marocaine, dont 300.000 appartiennent à parts égales aux établissements publics et aux collectivités locales. Pour chiffrer la dimension de la corruption au Maroc, il y a lieu de rappeler l'enquête de Transparency réalisée il y a quelques années dans 13 villes. Celle-ci a montré que sur un échantillon de 1000 chefs de ménages (dont 21 0/0 de femmes), de 400 entreprises 98 0/0 de Marocains souffraient de corruption. Pour endiguer ce fléau dont souffre le Maroc et visiblement bien en place, selon les observateurs, le ministère de la modernisation tient à intégrer les technologies de l'information comme arme de riposte et en prenant en considération les recommandations de l'Instance centrale de prévention contre la corruption. Le nouveau programme national marocain de lutte contre la corruption se base sur le fait que chaque citoyen a le droit de se défendre et se propose de mettre en place des moyens pour ce faire. Le programme est soutenu par des chantiers déjà en cours, tels que le e-gouvernement, Maroc numérique 2013, la dématérialisation de 800 procédures administratives et le nouveau centre d'évaluation des politiques publiques. Parmi les 36 mesures pré-adoptées, notons la gestion des files d'attentes par des bornes électroniques à tickets, la suppression des chaouchs (portiers), le système de pointage, la généralisation des concours d'accès à la fonction publique, l'examen pour la promotion interne. Il est aussi prévu d'ouvrir une plateforme pour toutes les entreprises publiques d'ici le 1er semestre 2011 afin de permettre une meilleure transparence des procédures de recrutement, d'informations et d'investissement. Le Maroc détient, signale-t-on, de tristes records dans le classement mondial de la corruption. Et malgré les campagnes de l'Etat, la décapitation régulière des gros barons, punis, et envoyés à une retraite prématurée, il semble que le mal reste endémique.