Des représentants du culte musulman en France ont affirmé vendredi prendre acte de la validation par le Conseil constitutionnel français de l'interdiction du port du voile intégral (burqa, niqab) par les femmes dans l'espace public de ce pays. "Tout musulman épris de droit et de légalité ne peut qu'appeler au respect de cette loi", a indiqué à l'APS le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui. Tout en affirmant ne "pas souhaiter que le port d'un tel voile s'installe comme pratique sur le sol français", M. Moussaoui a indiqué qu'"aucune des quatre écoles juridiques musulmanes (+madhahib+) ne reconnaît le port du voile intégral, sauf celui laissant apparaître le visage". La décision du Conseil constitutionnel ouvre la voie à la promulgation de la loi, l'interdiction elle-même ne devant entrer en vigueur qu'au printemps 2011 après six mois de "médiation" et de "pédagogie". Cette médiation a été une demande "spécifique" du CFCM, a rappelé M. Moussaoui qui a annoncé que le Conseil a déjà entamé un travail de sensibilisation auprès des imams. "Nous avons arrêté un plan d'action qui comporte deux volets: le premier concerne les imams qui auront, à travers leurs prêches, à sensibiliser sur le port du voile, celui connu et reconnu par l'ensemble des théologiens. Le second concernera les femmes qui souhaiteraient s'entretenir avec des imams qui tâcheront de les convaincre sur la nécessité de porter le voile simple", a-t-il expliqué. La Grande mosquée de Paris a, par le biais de son porte-parole, souhaité "ne pas s'exprimer encore une fois sur une question vis-à-vis de laquelle sa position est connue". "Le port du voile intégral n'est pas une prescription islamique", a affirmé Slimane Nador pour qui il est "du devoir du musulman en France d'accompagner le législateur car force est à la loi". L'avocat à la cour Me Chems-eddine Hafiz ne s'explique pas, quant à lui, "l'empressement" du Conseil constitutionnel à valider une loi dont il doute de la "pertinence". "Cela se passe au moment où des recommandations du Conseil de l'Etat et du Conseil consultatif des droits de l'homme attendent toujours une suite à donner", a-t-il regretté. Même s'il reconnaît n'être pas "personnellement" pour le port du voile intégral qui n'est pas, selon lui, "une référence religieuse", il dit craindre que cette loi ne "heurte les valeurs de la République et les libertés individuelles". Le Conseil constitutionnel avait validé jeudi la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public, jugeant toutefois qu'elle ne pouvait s'appliquer dans les lieux de culte ouverts au public. Parmi la classe politique, hormis le secrétaire général de l'UMP qui a salué cette validation par le Conseil constitutionnel, aucune réaction n'était enregistrée au lendemain de la décision. Le premier ministre François Fillon s'est "félicité", lui, de cette "décision importante pour l'affirmation des valeurs de la République dans le respect des libertés de conscience et de religion". Même s'il ne s'est pas exprimé publiquement sur cette dernière décision dans le feuilleton du "voile intégral", le Parti socialiste (PS) avait fait connaître auparavant sa position sur la question en prônant l'interdiction de ce type de voile féminin mais "seulement dans les services publics".