Le concept de citoyenneté a dépassé le caractère juridique pour devenir une dynamique sociale dont le but est d'amener les individus à œuvrer avec efficacité à l'édification d'une société démocratique, ont estimé, mardi à Alger, les participants à la 2e journée du forum de la pensée arabe "Education et citoyenneté". Kamal Abdellatif, professeur de philosophie politique et de la pensée arabe contemporaine au Maroc a souligné, dans son intervention sous le thème "Obstacles de l'éducation à la citoyenneté dans la société arabe", que la mutation de la citoyenneté en une dynamique sociale a pour but de libérer les individus et de les amener à travailler efficacement pour pouvoir tisser leur histoire et contribuer à l'édification d'une société démocratique". Le concept moderne de citoyenneté, a-t-il dit, est lié au caractère juridique car rattaché aux droits et devoirs civiques en relation avec les libertés individuelles et la société civile. Pour l'intervenant, ce concept est en relation directe avec l'élargissement et le développement du champ des libertés de l'homme et le développement des revendications liées à sa dignité et son devenir, indiquant qu'il est impossible de séparer la citoyenneté de la démocratie étant "la base de la société politique et de la formation de la société civile". Abdallah Aouidat de l'université d'Amman (Jordanie) a, pour sa part, noté dans sa communication intitulée "confrontation des constantes et célérité des mutations" que "la pratique du principe de citoyenneté sur le terrain exige un minimum de droits au citoyen afin que la citoyenneté prenne tout son sens et permette la réalisation de l'appartenance du citoyen et son attachement à son pays". La première condition de la citoyenneté, a-t-il poursuivi, est que l'homme soit conscient qu'il est citoyen authentique dans son pays et non un simple résidant soumis à un système donné sans pouvoir participer à la prise de décisions au sein de ce système. La citoyenneté dans les pays occidentaux, a-t-il estimé, est la résultante de confrontations et d'accords qui différent selon les groupes les peuples, les époques et les conditions historiques, soulignant que les pays se conforment au concept de citoyenneté pour asseoir un lien social nouveau qui transparaît dans la place de l'individu citoyen dans la société. Les participants ont indiqué, lors du débat qui a suivi ces communications, que la citoyenneté était ce sentiment qui habite l'homme même s'il se déplace pour vivre sous des lois étrangères. La présidente de la commission arabe des droits de l'homme, Violette Daguerre (Liban), a, pour sa part, affirmé que l'identité de l'homme est formée de plusieurs entités qui peuvent se rejoindre comme elles peuvent se rejeter, soulignant que seul le lien juridique peut unir le citoyen à la société dans laquelle il vit et qu'il suffit que ce citoyen respecte les lois du pays pour être considéré comme "un bon citoyen". L'ex-secrétaire général du forum, Ali Atika, a critiqué l'implantation d'universités étrangères dans les pays arabes, estimant qu'elles contribuent à l'émergence d'une génération étrangère à son identité, une génération qui n'est pas acceptée dans les universités étrangères car elle n'appartient pas à ces sociétés. Il a, dans ce sens appelé à employer les fonds destinés à la réalisation de ces universités à améliorer le niveau des universités arabes et à former une génération fière de son identité et son arabité. Pour Said Mohamed El Saklaoui, membre du conseil des secrétaires du forum de la pensée arabe, la citoyenneté est "un sentiment" qui ne peut mourir chez l'individu même s'il est déchu de sa nationalité aussi, a-t-il estimé, la citoyenneté est un sentiment autrement "plus profond que l'appartenance juridique à un pays".