Croulant sous le poids d'un déficit budgétaire de 1.300 milliards de dollars, les Etats-Unis ont décidé d'un gel des salaires des fonctionnaires comme l'une des premières mesures de réduction des dépenses publiques et du train de vie de l'Etat. Le déficit budgétaire 2010 s'est établi à environ 1.294 milliards de dollars, soit environ 8,9 pc du PIB, et devrait atteindre, selon les prévisions de la Maison Blanche, un montant de 1.416 milliards de dollars en 2011 (9,2 pc du PIB).Ce déficit massif s'est développé particulièrement depuis l'administration de Bill Clinton dans les années 1990 et aggravé davantage durant le mandat de George Bush qui avait lancé deux guerres coûteuses en Afghanistan et en Irak et instauré des réductions d'impôts accordées aux plus riches. Le contrôle du déficit budgétaire ''va exiger de grands sacrifices'', a prévenu le président Barack Obama en proposant lundi un gel des salaires d'environ 2 millions d'employés du gouvernement fédéral (masse salariale de 447 milliards de dollars en 2010) qui permettra d'économiser 2 milliards de dollars au titre de l'année budgétaire 2011, et 28 milliards dans les cinq prochaines années et 60 milliards de dollars en dix ans. Cette proposition ne devrait pas connaître de difficultés pour recevoir l'approbation du Congrès même avec une majorité républicaine, le parti d'opposition ayant constamment appelé à des coupes dans le budget de l'Etat et accusé l'administration d'engager des dépenses excessives. Le futur président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, veut même aller plus loin en appelant à un gel de recrutement dans la fonction publique: ''Sans un gel de l'embauche, un gel des salaires ne suffira pas pour freiner les dépenses fédérales''. Les détails de la ''cure d'austérité'' pour mener une réforme structurelle du budget seront connus mercredi lorsque la commission de la réduction du déficit, comprenant les deux partis représentés au Congrès, remettra au chef de la Maison Blanche son plan de retour à l'équilibre du budget. Chargée en février dernier de proposer des solutions pour ramener le déficit à 3 pc du PIB d'ici 2015, la Commission bipartisane sur la responsabilité fiscale et la réforme a pour mission d'émettre des propositions sur la réforme du Code des impôts, la création d'une taxe fédérale sur la valeur ajoutée et les réformes structurelles dans le domaine de la retraite. Mais l'on avance déjà que les mesures qui seront proposées portent sur la réduction des dépenses de la Sécurité sociale, l'élimination des allégements fiscaux, l'augmentation des taxes sur le carburant, la réduction des dépenses du secteur de la Défense et des subventions agricoles, alors que l'âge de la retraite devra passer à 68 ans en 2050 et à 69 ans en 2075. L'on s'interroge, cependant, sur la formule qui puisse permettre d'aider l'économie américaine à se restaurer tout en reprenant le contrôle des dépenses alors que plusieurs facteurs favoriseront la hausse des dépenses tels l'impact attendu de la réforme du système de l'assurance maladie et la hausse du nombre des retraités au cours des prochaines années. En outre, avec un rétablissement lent et fragile de la croissance économique et un chômage à taux élevé (près de 10 pc), le président Obama a opté pour des mesures incitatives comme un crédit d'impôt pour les petites entreprises qui embauchent ou qui augmentent leurs salariés, dont le coût devrait être de 154 milliards de dollars. Plus encore, il y a l'échéance du 31 décembre 2010, date à laquelle d'importants allègements de la fiscalité adoptés sous l'administration Bush arriveront à terme mais que les républicains, désormais majoritaires au Congrès, veulent pérenniser à contrario de la Maison Blanche qui refuse de les maintenir pour les couches les plus aisées de la société. Outre le déficit budgétaire, il s'agit également de s'attaquer à l'endettement qui a débuté vers la fin des années 80 mais que la crise financière l'a propulsé à des niveaux inquiétants: la dette publique américaine a dépassé le cap des 13.000 milliards dollars. ''Si rien n'est fait pour résoudre la crise 'endettement, la dette publique devrait passer de 62 pc du PIB en 2010 à 185 pc en 2035'', prévient la présidente de l'agence américaine de garantie des dépôts bancaires (Federal Deposit Insurance Corporation, FDIC), Sheila Blair, dans un article publié dans le Washington Post. "Ces emprunts sans fin menacent directement la stabilité financière des Etats-Unis en sapant la confiance des investisseurs dans les bons de Trésor américains'', note-t-elle.Dans ce sens, elle affirme également que ''la plupart des changements nécessaires à apporter seront impopulaires'', soutenant qu'un plan global ''doit démontrer un engagement ferme pour une incontournable discipline budgétaire à long terme afin de préserver la crédibilité des Etats-Unis dans les marchés financiers mondiaux et la stabilité du secteur bancaire américain''.