Des données détaillées d'un recensement fait par l'Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) démontrent qu'il existe des inégalités considérables, selon les nationalités, en matière d'emploi en France. Un quart des actifs non-ressortissants de l'Union européenne (UE) sont au chômage contre 8% de l'ensemble de la population active et 7,5 % des Français, indique une étude de l'INSEE rendue publique jeudi. Le chômage frappe beaucoup plus les étrangers que les Français : en moyenne, plus d'un cinquième des actifs non-ressortissants de l'UE est demandeur d'emploi, contre 8% de l'ensemble de la population active et 7,5 % des Français. Chez les femmes actives non-ressortissantes de l'UE, le taux de chômage atteint 26,1%. Une partie de cet écart tient au niveau de diplôme: les étrangers sont moins qualifiés en moyenne que les Français (et les diplômes de certains d'entre eux ne sont pas reconnus). Mais les étrangers subissent également des discriminations. Entre 30 et 39 ans, plus de 35% des étrangers originaires d'Afrique sont au chômage, contre 11% de ceux qui viennent de l'intérieur de l'UE. Là aussi, plusieurs facteurs jouent. La discrimination ne s'applique pas de la même façon à tous, notamment selon la couleur de peau. Mais surtout, les étrangers ont des origines diverses et certains sont davantage qualifiés, relève cette étude. Le secteur d'emploi entre aussi en considération. Une partie des étrangers (c'est le cas de ceux qui sont originaires du Maghreb et d'Afrique subsaharienne), ont été plus fortement touchés par la crise des grandes industries françaises (automobile et sidérurgie notamment), alors que d'autres (Italiens, Espagnols et Portugais par exemple) sont plus souvent employés dans des secteurs qui ont moins perdu d'emplois, et où le réseau familial joue davantage pour trouver du travail, tel que le bâtiment. Entre les jeunes dont les parents sont nés en France et ceux dont au moins un des deux parents est né à l'étranger, les différences de taux de chômage après trois ou cinq années de vie active, sont considérables, souligne-t-on. Le chômage des jeunes dont au moins un des parents est né en Turquie atteint même 26%. Plusieurs phénomènes expliquent ces écarts: l'origine sociale des parents, la disponibilité ou non de réseaux d'intégration dans l'emploi, et des discriminations à géométrie variable selon l'origine. A diplôme équivalent, un CAP ou un BEP, les jeunes d'origine maghrébine ont, entre 1,3 et 1,6 fois plus de risques que ceux d'origine française de se retrouver au chômage. Ce risque est d'autant plus fort que le temps passé sur le marché du travail est bref, indique cette étude.