"Aucune avancée" en vue d'une solution politique au conflit du Sahara occidental permettant l'autodétermination du peuple sahraoui n'a été enregistrée lors du quatrième round de pourparlers informels entre le Front Polisario et le Maroc, a affirmé mardi à Alger le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek. "Aucune avancée ouvrant la voie à une solution politique permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale de l'Onu, n'a été enregistrée à ce jour", a déclaré M. Ould Salek lors d'une conférence de presse au quotidien El Moudjahid, consacrée à la présentation du bilan de la réunion tenue vendredi et samedi derniers à Manhasset (New York). "Le Maroc a dressé de multiples obstacles, en conditionnant tout progrès dans les négociations à l'acceptation à l'avance de sa souveraineté sur le Sahara occidental, contrairement à l'appel du Conseil de sécurité pour des négociations substantielles sans condition préalable et de bonne foi", a-t-il déploré. M. Ould Salek a indiqué, en outre, que le Front Polisario "a réaffirmé lors de cette réunion son acceptation des trois choix dans le cadre de l'autodétermination, à savoir l'indépendance, l'autonomie où l'intégration au Maroc". "Le peuple sahraoui est souverain pour choisir librement entre ces options à travers un référendum démocratique, organisé par les Nations unies, en coopération avec l'Union africaine (UA)", a-t-il ajouté, rappelant que son pays a accepté la tenue de deux autres réunions informelles proposées par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara occidental. "L'action est inscrite en conformité avec les termes de la résolution du Conseil de sécurité qui demande aux deux parties en conflit de trouver une solution politique mutuellement acceptable, juste et durable qui garantit le droit à l'autodétermination du peuple de Sahara Occidental", a-t-il expliqué. Il a souligné que "les efforts louables déployés par l'ONU pour surmonter les obstacles inacceptables dressés par le Maroc pour prévenir l'expression libre du peuple sahraoui n'ont pu aboutir, à ce jour, à cause de l'intransigeance du gouvernement marocain et la complicité de la France, membre permanent du Conseil de sécurité, et du gouvernement espagnol actuel qui, depuis 2004, ont voulu, tous les deux, légitimer le fait accompli colonial marocain. Le chef de la diplomatie sahraoui a déploré que "la présence de la France et de l'Espagne au sein du groupe des "Amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental" eut empêché une action positive et nécessaire du Conseil de sécurité pour faire respecter les accords conclus entre les deux parties et l'accomplissement de la Minurso de son mandat". Il a aussi exprimé son regret de voir l'Espagne et la France préférer "soutenir l'expansionnisme marocain qui met en cause les frontières établies par ces mêmes pays durant l'époque coloniale et acceptées par les peuples du continent africain", appelant ces deux pays à "revoir leurs politiques et stratégies qui vont à l'encontre de leurs propres intérêts". Le MAE sahraoui a relevé que les derniers développements "majeurs" dans les territoires occupés du Sahara occidental, notamment à Gdeim Izik et à El-Ayoun occupée "démontrent la rupture totale qui existe entre le peuple sahraoui et l'occupant marocain". "L'administration coloniale s'active pour faire disparaître les traces du crime commis et n'autorise pas la visite du territoire aux étrangers", a-t-il affirmé, ajoutant que le nombre définitif des victimes "n'a pu être établi à ce jour". "L'occupant marocain reconnaît officiellement la détention de plus de 150 personnes et les arrestations continuent sans relâche", a-t-il noté, rappelant que le Parlement européen, Amnesty International, Human Rights Watch, la Fédération internationale des droits de l'homme et l'Organisation mondiale contre la torture, entre autres, ont demandé l'ouverture d'une enquête internationale par une commission indépendante. Il a indiqué que les premiers rapports établis par Amnesty International, Human Rights Watch "confirment notamment que le Maroc a utilisé des munitions et balles réelles contre la population civile et ont recueilli les témoignages de personnes blessées par balle". M. Ould Salek a réfuté, d'autre part, "la tendance et la volonté manifestes, aux mobiles politiques qui n'échappent à personne, de vouloir lier, à tout prix, la lutte du peuple du Sahara occidental pour son indépendance au terrorisme", rappelant, dans ce sens, la déclaration, récente du département d'Etat américain qui affirme qu'il n'existe aucun contact ou présence d'al-Qaïda dans les territoires sahraouis. "Nous considérons que le chemin emprunté par le nouveau monarque du royaume voisin est périlleux et comporte des risques incalculables", a-t-il dit, ajoutant que "les vrais amis du Maroc, de la région du Maghreb et de la paix, doivent conseiller à Mohamed VI à honorer les engagements qui, au nom du royaume, furent négociés par son père en 1991 sous les auspices de l'ONU".