Par : Rachid Hamatou/liberté ./ L'année 2012 s'annonce riche pour ce libraire qui prévoit d'organiser des ventes-dédicaces, la deuxième édition du séminaire “La Littérature maghrébine d'expression française", et la mise en service d'un site web de vente en ligne. Toujours à la même adresse, mais aussi avec le même caractère commercial, à savoir librairie papeterie, et ce, depuis bien avant l'indépendance. C'est au 20, avenue de l'Indépendance que se situe la librairie Anahdha El-Jadida, propriété des Guerfi, qui ont veillé, depuis toujours, à ce que ce lieu demeure consacré exclusivement aussi bien aux ouvrages scolaires qu'au savoir et à la science. Comme le défunt photographe Bendiab, la pâtisserie Meguelati ou encore le café de l'Avenue, cette librairie est parmi ces commerces que les habitants de la capitale des Aurès considèrent les leurs. Dans la mémoire collective, ces lieux semblent être (et ils le sont) une sorte de patrimoine matériel pour les Batnéens. C'est en 1962 et à l'âge de 19 ans que Abdelkrim Guerfi avait pris le modeste établissement en main. Et depuis cette date, le nom Guerfi est étroitement lié au monde du livre, du scolaire et de l'art, pour en devenir synonyme. La petite papeterie librairie, aux modestes étagères dégarnies mais bien entretenues, a connu une méga-extension pour s'offrir le grade de pôle et pas des moindres. Elle est la plus grande librairie de l'est du pays. Pas moins de quinze mille titres et un million d'ouvrages sont proposés, en plus d'une papeterie et un espace réservé au domaine de l'architecture et de l'art. Le lieu de commerce a su grandir avec la ville pour prendre en charge une demande qui n'a pas cessé de grandir et de se diversifier : une école des beaux-arts, un théâtre, un institut régional de musique dont les étudiants n'ont d'autres adresses et fournisseurs. La librairie Guerfi a des clients qui lui sont fidèles depuis des décennies, aussi bien des poètes que des romanciers et des penseurs, à l'exemple du philosophe M. Bensaï, qui avait fait de la librairie un coin de réflexion et de production. D'ailleurs, bon nombre de ses écrits ont vu le jour à Anahdha El-Jadida. Aujourd'hui encore, l'espace littéraire et culturel (café littéraire et cimaise d'expositions) est mis à la disposition des artistes et hommes de lettres. L'année 2012 connaîtra un riche programme dans différents domaines. En plus de l'ambitieux séminaire “la Littérature maghrébine d'expression française" (qui en est à sa deuxième édition), d'autres activités sont au programme, nous indique Rédha Guerfi, deuxième génération de libraire. M. Guerfi a affiché les ambitions de ce carrefour de l'art, du savoir et du livre. “La ville a les moyens humains pour prétendre à d'autres titres que celui de la capitale des Aurès, qu'il va falloir d'ailleurs consolider. Nous avons pas mal de projets, dont celui de la distribution du livre d'auteurs algériens en Europe à partir de la France. Le web va énormément nous aider dans cette entreprise", nous a-t-il signalé. Et de nous dévoiler que prochainement un site web pour la vente en ligne sera mis en service. Le libraire ambitionne également d'organiser des ventes-dédicaces. “Une pratique totalement absente dans notre ville mais qu'il va falloir introduire", souligne-t-il. Les comédiens, les musiciens, les élèves de l'école des beaux-arts, mais aussi les étudiants de l'université de Batna seront, et à coup sûr, les premiers bénéficiaires de ces démarches.