Ni l'Iran ni Téhéran, l'Algérie algérienne ! » Ce slogan poussé par des milliers de gorges nouées par la violence terroriste durant les manifs des années de braises ne semble plus avoir la même résonance aujourd'hui. Loin s'en faut. Le pays des mollahs, hier maudit et diabolisé par un discours officiel en phase avec les souffrances infligées au peuple algérien, avec la bénédiction des ayatollahs, redevient fréquentable et plus si affinités… La couverture religieuse et logistique offerte aux fanatiques algériens par le régime iranien qui cherchait un port d'attache pour exporter sa révolution n'est, semble-t-il, qu'une vague réminiscence d'un passé pourtant très douloureux. Le président de la République s'est, contre toute attente, fendu d'un éloge funèbre extatique à l'endroit du guide de la révolution islamique iranienne, l'ayatollah Khomeyni ! Pis, Bouteflika a même rassuré les héritiers de l'imam que le peuple algérien « est parfaitement conscient du message du défunt qui vise à préserver la charia de toute forme de dérapage »… Or, ce peuple algérien et l'Algérie en tant que pays au nom duquel le Président a parlé hier à Téhéran avait politiquement et religieusement rejeté l'idéologie des mollahs prônée par les disciples de Khomeyni au point de rompre les relations diplomatiques avec ce pays en 1993. A moins de considérer cette mesure préventive de l'Etat algérien comme une « deuxième violence », la glorification du régime iranien paraît être déplacée, voire injustifiée. Le président de la République est certes libre de vouloir refonder la relation et de conclure la « sainte alliance » avec ce pays, maintenant qu'il a cessé de souffler sur la braise terroriste. Il a aussi raison de soutenir le programme du nucléaire civil iranien, même si cela doit froisser nos partenaires occidentaux. Mais il n'aurait pas dû nous infliger un exercice d'autoflagellation qui nous ferait nous prosterner devant nos bourreaux d'hier. Si l'Iran des années 1990 ne ressemble pas à celui de 2008 – et c'est tant mieux –, cela ne dédouane pas pour autant ses anciens dignitaires de la fitna qu'ils voulaient allumer chez nous. L'histoire retiendra que Téhéran a été l'une des bases arrières du terrorisme en Algérie. Le bon sens et la logique auraient voulu que ce soient les dirigeants de ce pays qui fassent leur mea-culpa. Cela aurait été un hommage, même à titre posthume, aux victimes à distance de l'idéologie des mollahs. Dommage !