Les vendanges viennent de débuter sous de bien meilleurs auspices que l'année passée, si l'on en croit le président de la chambre d'agriculture puisque, d'une part, toute la production va trouver preneur et, d'autre part, des arrangements ont été négociés avec les transformateurs en vue d'accorder des crédits de campagne en nature pour que cette production soit de qualité. Pour les zones précoces, le taux alcool varie entre 12 et 13°, ce qui permettrait en toute logique d'évacuer les risques de chaptalisation auparavant observés ainsi que celui du mouillage des vins alcoolisés plus que de raison. Néanmoins, bien qu'une convention ait été signée pour que le prix du quintal de raisin de cuve soit revu à la hausse par rapport à l'année dernière où il est tombé de 3 000 DA à 1200 DA pour le Cinsault et 1700 DA pour le Carignan et le Grenache, rien n'a été arrêté alors que des livraisons de vendanges ont commencé. Cela est d'autant plus paradoxal que la demande de raisin est pressante chez les transformateurs et que la profession des viticulteurs est en mesure d'imposer sa loi en matière de prix. Cela est si vrai qu'aucun transformateur n'a voulu avancer de prix d'achat de crainte qu'un autre ne renchérisse pour amasser le maximum de la récolte. C'est dire si la logique du marché tant vanté est absente dans la mesure où la culture de l'informel y prédomine. Marché parallèle A cet égard, tout un chacun a pu observer, alors que la production de raisin de table « double fin » a augmenté, les prix sur le marché en frais sont élevés. De plus, le raisin est plus présent aux abords des routes qu'au marché, et varie entre 80 et 100 DA, tout autant que l'exotique banane. Pour certains, c'est ce marché parallèle qui permet le maintien des prix à un niveau aussi exagéré. En effet, l'on sait que des acheteurs de raisin de table en font l'acquisition sur pied, sans déclaration et l'écoulent sans rien débourser aux impôts par le biais de jeunes qui s'alignent sur les bords de la RN 2. De la sorte, ni l'économie locale, ni le citoyen consommateur n'y trouvent leurs comptes, et ce, dans l'indifférence totale de l'administration chargée, en théorie, de réguler le marché.