La Cour constitutionnelle en Thaïlande a jugé hier que le Premier ministre Samak Sundaravej et l'ensemble de son gouvernement devaient cesser leurs activités sur-le-champ. Les neuf juges de la Cour ont estimé que M. Samak un passionné de cuisine avait enfreint la Constitution en acceptant de l'argent d'une entreprise privée produisant ses émissions culinaires à la télévision. « La Cour constitutionnelle a jugé à l'unanimité que le Premier ministre Samak Sundaravej avait violé l'article 167 de la Constitution. C'est pourquoi ses fonctions ministérielles cessent », indique le verdict, ajoutant : « comme le statut ministériel de M. Samak n'est plus, l'ensemble de son gouvernement doit partir ». La Cour a toutefois précisé que le gouvernement Samak pouvait rester en place pendant 30 jours afin de gérer les affaires courantes jusqu'à l'élection d'un nouveau Premier ministre par le Parlement. M. Samak pourra se représenter. Le Premier ministre, âgé de 73 ans, a été reconnu coupable hier d'avoir touché des honoraires d'une maison de production privée, Face Media, qui réalisait pour la télévision deux émissions culinaires (« Dégustation et Ronchonnement » et « Tous à table à 6H »), dont la vedette n'était autre que M. Samak, connu pour être un fin gourmet. Le verdict d'hier fait suite à une plainte déposée en mai par un sénateur de l'opposition, Ruengkrai Leekitwattana, qui s'était étonné que le Premier ministre travaille pour une entreprise privée alors que la Constitution l'interdit. M. Samak était devenu Premier ministre en février dernier à la suite des premières élections législatives depuis un coup d'Etat militaire en 2006. La coalition gouvernementale, dirigée par le Parti du pouvoir du peuple (PPP) de M. Samak, contrôle près des deux-tiers des sièges à la chambre basse du Parlement. La décision de la Cour constitutionnelle a été annoncée alors que l'occupation du siège du gouvernement par des milliers de manifestants anti-Samak entrait hier dans sa troisième semaine. Les protestataires exigeaient la démission de M. Samak qu'ils accusent d'être un « homme de paille » de l'ancien homme fort de la Thaïlande, Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'Etat militaire en 2006 et qui s'est exilé en Grande-Bretagne à la suite d'accusations de corruption. Le 2 septembre, M. Samak avait proclamé l'état d'urgence à Bangkok après des affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement qui avaient fait un mort et 43 blessés. Quelques heures avant la décision de la Cour constitutionnelle, M. Samak avait présidé hier la réunion hebdomadaire de son gouvernement à Udon Thani (nord-est de la Thaïlande), région où le PPP compte encore de nombreux partisans.