La rentrée scolaire 2008-2009 semble des plus chaotiques. Le satisfecit du ministère de l'Education nationale est bel et bien contredit par la réalité du terrain, vivement dénoncé par les syndicats autonomes actifs dans le secteur. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) parle d'« une gestion catastrophique dont ont fait les frais les enseignants et les élèves ». Dans une déclaration rendue publique hier et suivie d'une conférence de presse, les responsables du CLA ont mis l'accent sur les dysfonctionnements énormes constatés et « le bricolage de dernière minute » du ministère pour y faire face. Ils relèvent « l'absence de planification » qui pénalise à la fois l'élève et l'enseignant. Ils en veulent pour preuve cette « gestion opaque des mouvements des enseignants et celles des surnombres que ne justifie aucune nécessité de service ». Les affectations et réaffectations des enseignants ont été faites, souligne-t-on, sans le moindre préavis. Autrement dit, les enseignants se sont retrouvés avec des décisions d'affectation sans avoir été avisés au préalable. Le CLA considère qu'il y a eu dans ce cadre « des dépassements et des abus de pouvoir ». Comme il dénonce par là même « la marginalisation des commissions paritaires, reléguées à un rôle de figuration ». Les responsables du CLA avertissement quant au risque que cette « mauvaise gestion » conduise à une situation irrémédiable. « Des équipes pédagogiques qui ont mis des années à se construire se voient démantelées dans les lycées, les enseignants dispersés vers d'autres établissements, alors qu'on surcharge les classes et les volumes horaires et que, paradoxalement, la réussite de la réforme requiert des effectifs allégés pour mener à bien l'approche par compétence », relève-t-on dans la déclaration. Le syndicat ne se limite pas à ce constat des plus accablants. Il dénonce également le démantèlement de l'enseignement technique. Et voilà que les enseignants techniques sans école fixe, errent d'un établissement à un autre. Il est inacceptable, aux yeux du CLA, que « des enseignants aux compétences et qualifications irremplaçables deviennent des bouche-trou, allant jusqu'à cumuler des heures de travail dans trois lycées différents quand ils ne sont pas mis ‘à la disposition de l'administration' selon le bon vouloir des chefs d'établissement, et ce, au mépris de la réglementation en vigueur ». La création de classes techniques et mathématiques est considérée comme un leurre, puisqu'elles donnent seulement l'illusion que l'enseignement technique est assuré. Pour le CLA, cette démarche non concertée hypothèque l'avenir de centaines d'élèves qui se retrouvent contre leur volonté dans ces classes. Mais le plus inquiétant, pour ce syndicat, c'est l'autisme de la tutelle qui refuse d'écouter les représentants des syndicats et de corriger les erreurs commises avant que cela ne soit trop tard. Le CLA parle de plus d'un million d'élèves inscrits au deuxième palier (moyen) dont l'avenir est sérieusement hypothéqué. Aussi, l'adoption en Conseil de gouvernement du projet de statut particulier n'a rien amené de mieux, aux yeux des responsables de ce syndicat, car il a été élaboré « sans tenir compte des propositions et préoccupations des travailleurs » du secteur. Face à cette situation qui aggrave les problèmes et les dysfonctionnements de l'école en constante régression, le CLA appelle les enseignants à « être vigilants » et à rester mobilisés en attendant de décider des actions à mener. Le retour à la protesta n'est pas exclu.