La population de Boumati, un bourg de 2300 habitants de la commune d'Afir, daïra de Dellys, situé à plus de 70 km à l'extrême est de Boumerdès, est complètement abandonnée. Lors de notre passage dans ce village, pourtant classé deuxième agglomération après le chef-lieu de la commune d'Afir, les habitants ont exprimé leur ras- le-bol. Le premier problème constaté par nous-mêmes est l'état piteux où se trouve la route qui mène vers ce village sur une distance de 2 km du chef-lieu de la commune. « le projet de son revêtement est inscrit, mais seulement à moitié », dira un habitant de cette localité. Chose confirmée par la suite auprès du P/APC. Un groupe d'habitants rencontrés sur place, ont vite soulevé le problème majeur qui guette la population surtout en été, à savoir le manque d'eau. Effectivement et selon eux la population a déjà vécu dans un passé récent une pénurie d'eau qui a duré plus de cinq ans. Mis à part une fontaine qui se trouve en haut du village, seule source qui étanche la soif des villageois, aucune autre source n'est à signaler dans ce domaine. « Ce qui se passe chez nous est peut être un record national, avec les cinq ans sans eau », disent-ils. Et d'ajouter qu'aujourd'hui encore ce liquide précieux « ne coule qu'une fois tous les deux mois et parfois même plus ». Ce qui veut dire qu'elle « arrive au même temps que la facture des frais d'abonnement », affirment-ils. Au niveau de l'APC, un élu nous a confirmé cette situation et nous a dit que la seule solution en leur possession est la mise à la disposition de la population des citernes d'eau dont la mairie dispose. « C'est à l'ADE de jouer son rôle pour supprimer tous les branchements illicites utilisés pour l'irrigation de vignobles », dit le même élu. Un parent d'élève scolarisé dans l'école primaire Chabni Mohammed de Boumati n'a pas omis de soulever « les problèmes rencontrés par les élèves de cet établissement, surtout en hiver, puisque le chauffage et par manque de mazout, n'est opérationnel qu'une fois par semaine ». A cela s'ajoute le « manque de porte-manteaux qui contraint les enfants à garder leurs vestes sur les épaules durant toute la journée ». Pour absence d'une cantine scolaire les enfants se contentent d'un morceau de pain et d'une portion de fromage en guise de repas complet, selon plusieurs témoignages. Si pour ceux qui habitent tout près de l'école le problème ne se pose pas, ceux qui viennent de loin, par contre vivent le martyre puisqu'ils n'ont que ce léger repas froid pour toute la journée. En matière de transport, les habitants souffrent énormément. Pour se rendre au chef-lieu de la commune d'Afir, ils sont obligés de rejoindre à pied l'intersection située à 2 km du village pour prendre un fourgon de transport de voyageurs. « Pourtant ces transporteurs sont titulaires d'autorisations pour assurer la ligne Boumati-Afir-Dellys. Malheureusement les transporteurs, eux, imposent un terminus à cet endroit », disent les villageois. Renseignements pris, c'est l'état de délabrement de la route qui empêche les transporteurs de voyageurs de continuer le chemin jusqu'à la fin. « Pour évacuer une parturiente sur la maternité du chef-lieu d'Afir, c'est un parcours de combattant qu'il faut effectuer », dira et d'un ton élevé un vieux du village.