Pour ne pas donner les raisons qui ont présidé à la délocalisation du Festival du raï, en réponse à une question posée uniquement dans ce sens lors d'un point de presse, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture en visite à Oran, a défié tous les journalistes présents de lui dire quel est le chiffre exact relatif au nombre de festivals organisés au Maroc ! En Algérie, nous apprend-elle au passage, « ils sont au nombre de 94, ce qui est appréciable mais pas suffisant ». Le rapport avec le festival du raï n'étant pas établi, il s'agissait aussi de dire pourquoi on a refusé de donner l'autorisation à l'Apico d'organiser un festival que cette association a toujours maintenu depuis 1990. Là aussi, pas de réponse claire, mais, dit-elle, « moi j'étais enseignante en mathématiques et chez nous, quand on ne peut pas répondre, on dit je ne sais pas et c'est une réponse. » Juste après, elle enchaîne : « Prenons par exemple la fonction vectorielle de Schwartz, si on ne connaît pas, on ne répond pas ! » Ce nom a été lancé comme pour intimider les non-initiés aux fonctions vectorielles différenciables. Il s'agit du Français Laurent Schwartz (1915-2002), à ne pas confondre avec le mathématicien allemand Karl Herman Schwarz (1843-1921). Selon un discours prononcé en hommage le 13 juillet 2004 à l'Académie des sciences par Gilles Pisier, en France, le mathématicien contemporain français, hormis sa médaille Field (équivalent du Nobel) décernée en 1950 et sa grande réforme du calcul différentiel et intégral à l'université de Paris, est connu pour ses engagements politiques d'abord contre la guerre d'Algérie en signant le Manifeste des 121 qui lui a valu par ailleurs de perdre pour une année son poste de professeur en 1961. En 1957, affecté par l'assassinat de Maurice Audin, arrêté à Alger par les parachutistes, il a contribué à former le comité Maurice Audin et organiser à la Sorbonne la soutenance de la thèse du martyre de la cause algérienne. Avant 1947, Schwartz était membre d'un parti trotskyste, un passé qu'il n'a pas renié sans pour autant continuer à s'en revendiquer.