Plus de deux ans après leur retour forcé, les rares habitants de Aïn Barbar, Aïn Touta et Romanet, trois villages relevant de la commune de Séraïdi, vivent depuis dans la souffrance et la misère. Des familles, qui se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une seule main, n'avaient pas la faveur de choisir. A l'exception de l'amélioration sensible de la situation sécuritaire, grâce à une présence quasipermanente des éléments de l'ANP, beaucoup reste à faire sur le plan social, notamment pour le transport, l'alimentation en eau potable, et la prise en charge sanitaire. Situées à la lisière des monts de l'Edough, à 20 km au nord du village touristique de Seraïdi, ces localités, réputées pour être parmi les plus beaux sites naturels et touristiques de la région, étaient, cinq années durant, aux mains des groupuscules islamistes armés. Les familles de ces trois villages, dont la majorité est originaire de la région de Ouichaoua, sur les monts de l'Edough, avaient été regroupées de force sur les lieux par l'occupant français pour le travail des gisements miniers. Plus de 40 ans après l'Indépendance, les habitants de ces zones enclavées ont été forcés de quitter les lieux en 2003, laissant derrière eux leurs biens. Ayant occupé de force des logements en cours de réalisation ainsi que le centre de rééducation sportive et physique de Seraïdi, ces familles ont été de nouveau pourchassées, quatre ans plus tard, par les pouvoirs publics et obligées de retourner à leurs anciens domiciles qu'ils avaient quittés. Fuyant la mort, la majorité d'entre elles se sont installées dans des bidonvilles qui ceinturent Annaba, notamment à Bouhdid et Sidi Harb. Aujourd'hui, le village de Aïn Barbar est pratiquement abandonné par ses habitants. Romanet compte la plus grande concentration, alors que Aïn Touta est carrément devenue une zone militarisée. Ces villages ont été reconquis, rappelle-t-on, durant l'été 2005 à l'issue d'une opération de ratissage de l'ANP. Beaucoup de villageois n'arrivent pas encore à oublier les massacres perpétrés par les islamistes armés dans cette région. Des chefs de familles témoignent à ce sujet : « Ce n'est pas facile d'oublier ce qui s'est passé dans ces deux villages. Souvent, les terroristes nous ont obligés à regarder les scènes macabres et croyez-moi, les horribles images dont nous avons été témoins malgré nous, ne disparaîtrons jamais de nos mémoires ». Dans une région forestière où le chômage bat son plein, les sources halieutiques, peu exploitées, demeurent pratiquement la seule activité pour les jeunes. Seules quelques embarcations de fortune, et avec des moyens dérisoires, y activent pour faire végéter quelques quidams ayant osé retourner au bercail.