Avec une production annuelle ne dépassant pas les 1,2 million de tonnes d'acier, l'unique complexe sidérurgique en Algérie et au Maghreb, l'usine d'Arcelor Mittal à Annaba, se classe au dernier rang des usines du groupe, leader mondial sur le marché des aciers. « La production n'est que de 147 t par agent et par an, alors que dans d'autres pays, comme l'Afrique du Sud, elle atteint les 500 t, jusqu'à 1000 t par agent et par an », soulignait Messaoud Chettih (ex-P-DG du groupe Sider) hier, lors d'une conférence-débat sur la sidérurgie en Algérie, organisée par la société SHM à l'occasion de la tenue, le mois prochain, du 1er Salon international de la sidérurgie à Alger. L'ancien patron de Sider estime qu'en termes d'investissement, le groupe indien ayant racheté 70% du capital de la société sidérurgique d'El-Hadjar « a effectivement honoré ses engagements ». Il n'en demeure pas moins que « la production reste faible, couvrant à peine 20% de la demande nationale », ajoute-t-il. Et pour cause, plusieurs années après sa cession au profit de l'opérateur indien, le complexe se trouve toujours « confronté à des problèmes structurels et à des difficultés d'ordre interne », souligne M. Chettih. Selon lui, « l'approvisionnement du complexe en minerais et son acheminement à partir des mines d'El Ouenza posent problème », sans parler des difficultés liées à l'alimentation en énergie. Sur le plan interne, l'ancien responsable sidérurgiste pense que le départ à la retraite des anciennes compétences d'El Hadjar a fait perdre au complexe une grande expertise non encore remplacée. La cession du complexe au profit de l'opérateur indien était-elle alors une option raisonnable ? Selon M. Chettih, l'intérêt de l'opération était d'« intégrer le complexe dans un processus global en matière de production et de formation » et de préserver son activité qui était menacée de disparaître sous le poids des difficultés financières d'antan. La responsabilité de l'Etat est aussi mise en exergue, notamment en ce qui concerne l'investissement dans la maintenance des équipements. A titre d'exemple, M. Chettih dira que la réhabilitation des équipements nécessite la mobilisation annuelle de 40 dollars par tonne produite au Japon et 20 dollars en Europe. En Algérie, seulement 3 dollars par tonne produite ont été investis sur les vingt dernières années, soit 6 millions de dollars en deux décennies. C'est la raison pour laquelle un autre expert dans le domaine de la sidérurgie, Mohamed Laïd El Achkar, n'hésitera pas durant ce débat à mettre la barre au plus haut en préconisant non seulement d'investir dans la maintenance mais aussi dans des usines de production à grande échelle. « Nous devons investir dans la réalisation de complexes de pas moins de 5 millions de tonnes, du moment que les potentialités existent », affirme M. El Achkar. En sa qualité de secrétaire général de l'Union arabe des fers et aciers (UFA), il dira que les pays arabes sont loin de satisfaire leur demande en acier et que « l'industrie dans ces pays ne peut réussir sans sidérurgie ». En matière de production, la capacité installée des pays arabes ne dépasse par 2% de la production mondiale, soit 25 millions de tonnes.