Une alliance d'organisations caritatives, de défense des droits de l'homme, de syndicats et de célébrités a demandé au Premier ministre Tony Blair d'opérer des changements radicaux dans sa politique gouvernementale afin de réduire de manière significative la pauvreté dans le monde. L'alliance a remis mardi dernier un rapport intitulé Make Poverty History (faire de la pauvreté une chose de l'histoire) dans lequel elle appelle à des changements des termes des accords commerciaux, à l'annulation de la dette des pays en voie de développement et à des augmentations substantielles des aides. Le rapport marque le début d'une grande campagne de lutte contre la pauvreté qui doit être lancée officiellement en 2005 et dont le but est de mobiliser l'opinion publique internationale, en général, et britannique, en particulier, autour de la cause. Le public sera encouragé à porter des brassards de couleur blanche pour manifester son soutien, et une grande manifestation est prévue au mois de juillet à Edinbourgh afin de s'assurer que le sujet soit inscrit à l'ordre du jour du sommet du G8 qui doit se tenir dans cette ville écossaise. Le rapport souligne que le gouvernement britannique a la chance exceptionnelle en 2005 de peser de tout son poids dans la lutte contre la pauvreté, car le Royaume-Uni abritera le sommet du G8 et présidera en outre l'Union européenne (UE). Steve Tibbett de l'organisation Action Aid a ainsi déclaré : « Nous avons été habitués à la rhétorique de la part du gouvernement. Et maintenant nous voulons une véritable action à un moment où le Royaume-Uni sera aux commandes en 2005. » De son côté, Adrien Lovette de l'organisation Oxfam souligne : « Nous lançons ce défi à Tony Blair, car nous croyons qu'il est en mesure de faire plus afin d'éliminer la pauvreté. Il est grand temps pour le gouvernement britannique de changer les politiques essentielles et de faire pression sur les autres dirigeants du monde pour faire la même chose. » Le rapport indique que « des règles commerciales injustes signifient que les pays pauvres ne peuvent pas concurrencer les nations riches sur les marchés mondiaux ». L'UE appuie financièrement son industrie agricole avec des subventions significatives - l'équivalent de la moitié du budget annuel de l'UE est dépensé dans l'application de la politique agricole commune. Quelque 3 milliards d'euros sont dépensés dans les subventions des exportations directes, permettant ainsi à l'UE de déverser ses surplus agricoles dans les pays du tiers-monde, ajoute le rapport, qui note que le Royaume-Uni doit établir un ultimatum le plus tôt possible pour une fin des subventions des exportations directes. « En dépit des promesses de la part des pays riches, moins de 10% de la dette totale des pays les plus pauvres ont été effacés, alors que chaque année l'Afrique fait face à des paiements de dettes de l'ordre de 10 milliards de dollars. » Le rapport appelle au « non-paiement de manière claire, transparente et totale de la dette impayée des pays les plus pauvres ».