Considérée comme un produit de large consommation, la sardine est devenue carrément inaccessible pour les bourses moyennes. Son prix ne cesse de flamber pour atteindre un seuil jamais enregistré auparavant, soit 200 DA le kilo ! Il a dépassé même les 240 DA le week-end dernier. Si tel est le cas pour la sardine, qu'en est-il alors pour les autres espèces de poissons ? Et dire que le littoral de la wilaya s'étend sur plus de 120 km, avec deux ports de pêche qui connaissent pourtant un mouvement intense des nombreuses embarcations. Les responsables du secteur ont beau « louer le soutien de l'Etat aux pêcheurs », la situation reste inchangée avec une maigre production halieutique qui s'élèverait à moins de 8 000 tonnes par an pour l'ensemble des variétés. Pour les professionnels concernés, le problème est dû plutôt au manque de moyens et à l'absence d'une véritable politique de relance de l'activité, laquelle reste, selon eux, sous–équipée et manque d'actions concrètes allant dans le sens souhaité par la corporation. Le programme de développement, qui aurait été lancé dans ce cadre, n'a, semble-t-il, pas produit l'effet escompté. « C'est un dispositif qui n'a pas beaucoup profité aux pêcheurs de la région. En tout cas, pour moi, il n'y a eu aucune amélioration et je persiste à utiliser les moyens de bord pour maintenir le cap. A défaut, je vais grossir les rangs des chômeurs ou le bataillon des harraga », nous dira un ancien pêcheur de la côte ouest. D'autres sources n'hésitent pas à désigner du doigt les « groupes parfaitement organisés » qui agissent comme bon leur semble en contrôlant le circuit d'approvisionnement et de distribution de la marchandise en question. Sinon comment expliquer, indique-t-elles, la tendance à la hausse qui caractérise le marché des poissons depuis plusieurs années. « Ce n'est certainement pas une question de rareté de la ressource ou de manque de moyens matériels », soutiennent encore nos interlocuteurs. Le maintien du statu quo semble arranger les affaires de ceux qui ont toujours agi dans l'ombre et qui en tirent les dividendes sans se soucier des dégâts qu'ils causent à une activité économique censée créer une dynamique dans la région et assurer une autosuffisance dans le domaine. En fait, la situation que vit le secteur ressemble, à bien des égards, à celle de l'agriculture où, malgré les centaines de milliards englouties dans le cadre du fonds de soutien, les fruits et légumes restent quasiment hors de portée des consommateurs.